en vn instant, quoy que le precedent seul fust suffisant
de bander toute la France contre la mauuaise volonté de
cét homme sans foy, dont l’auarice est telle qu’il faut ou que le
Royaume perisse, ou que ce ministre descharge le monde fort
las de ses debordemens, nous auons desia veu les commencemens
de cette verité és années passées : car qui n’eust descouuert
qu’en plusieurs occasions il empeschoit nos succez pour
faire balancer les affaires, tesmoin nos armées perdues faute de
subsistance deuant Lerida, les foibles secoures de Naples enuoyés
hors de saison, le siege de Cremone, la perte de Courtray,
& vne infinité d’autres actions de cette qualité qui reprochent
prochent la conuoitise insatiable de cette peste, qui semble
n’estre sortie du fond des abismes, que pour empescher l’auancement
de cét Estat, dont il a marchandé tant de fois la ruine,
croyant qu’il y alloit de ses interests de le rendre triomphant
comme il pouuoit mesme au dire de nos ennemis.

3. Si quelqu’vn est tenu particulierement de faire obseruer
les Loix & Coustumes du Pays : Ce sont entr’autres les Parlemens
& Cours souueraines ; ne vous estonnez donc pas si
tous ces Corps se lient auiourd’huy, pour en chastier les violateurs
& remettre la Iustice en son siege ; que l’iniquité &
l’iniustice auoient desia en pattie d’esthronee. De fait iamais
l’on n’a veu en France l’iniustice regner comme elle fait depuis
que le Cardinal Mazarin tient le haut bout dans les affaires ;
les Loix n’ont iamais esté si mal obseruees que depuis
qu’il a estably les maximes de sa tyrannie, qu’il nous a voulu
faire passer pour des decrets que l’on ne pouuoit violer qu’auec
vne grãde impieté. Et cõme la fin de ses statuts estoit son
interest particulier, c’estoit assez de luy monstrer la bourse
ouuerte, pour venir à bout d’vn procez contre tout droict &