Ils trahissent bien leur Patrie & leur honneur
en le deffendant, ils craindroient encore moins
pour se sauuer eux mesmes du peril de trahir la parole
qu’ils ont donnée à vn Estranger, à vn meschant,
& vn perfide.

Quel sera le fruit de cette guerre, la victoire ? que
trouuerons nous dans la victoire, le retour des loix
opprimées, le restablissement du commerce, la seureté
publique a particuliere, nous y trouuerons enfin
la paix generale que le Mazarin a rompuë tant
de fois, & qui est incompatible auec son Ministere.

Cette Victoire est certaine. Considerons ie vous
prie nostre force ; considerons ceux qui sont vnis
auec nous, & qui se trouuent engagez dans le mesme
sort & dans la mesme fortune.

Nous estions seuls dans la guerre que l’on fit il y
a trois ans à Paris. Nous n’auions au commencement
aucune Prouince declarée, nous n’auions aucun
Parlement pour nous, tous les Grands du
Royaume estoient dans le party de nos Ennemis.
Les Princes estoient dans l’aueuglement de la
Cour, le Cardinal les auoit enyurez pour les rendre
odieux aux Peuples : Nous auions mesme parmy
nous les traistres & la trahison. Cependant nous ne
laissasmes pas sans beaucoup d’efforts de soustenir
hautement la querelle, & la Victoire eust esté entiere,
si on n’eust point maintenu par des intrigues criminelles
l’autheur de nos maux & de nos desordres.

Faisons à present reflexion sur l’estat ou nous
sommes. Toute la Maison Royale est pour nous.