Anonyme [1649], LES SENTIMENS DV PVBLIC, TOVCHANT LA DOCTRINE preschée, par le Pere Favre. , françaisRéférence RIM : M0_3656. Cote locale : A_7_30.
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d’enseigner, de prescher, & de confesser, & leur fait vn afront plus
signalé qu’à tous les autres : parce que comme vous sçauez, lors
qu’vne partie d’vn corps vient à manquer, on en attribuë la faute
au tout. Ainsi lors que l’on entendra parler dans toute la France,
& dans toute l’Europe de ces estranges documents, on ne se contentera
pas de dire, c’est le Pere Faure, ou vn Cordelier qui auoit
enuie d’estre Euesque : mais on adioustera, que ce sont des Morales
& des complaisances ordinaires des Religieux ? Ce sont, dira-on,
les belles conduittes qu’ils enseignent à ceux qui se mettent
sous leur direction. Ce sont les resolutions dont ils flattent la
molesse, & entretiennent la vie peu Chrestienne de leurs penitens.
C’est de la sorte qu’ils pacifient ce que Iesus-Christ a declaré
irreconciliable, sçauoir les delices de la chair, & les vanitez du
monde, auec les amertumes & l’humilité de la Croix. Ainsi on
n’escoutera plus les Religieux : on aura de l’auersion pour leur
conduitte : leur plus saine doctrine sera reuoquée en doute, &
soupçonnée de faux, puis que vous auez la hardiesse de vouloir
faire passer pour veritable & Euangelique la plus fausse, s’il faut
ainsi parler, de toutes les fausses, & la plus barbare que les Barbares
puissent prattiquer. Et pour ne vous rien celer, il y eut vn bon
Religieux qui iusqu’alors ayant gardé le silence ne pût pas s’empescher
de dire, que l’Anatheme que Dieu auoit fulminé par son
Prophete, n’auoit iamais touché personne, ou que c’estoit vous,
lors qu’il auoit crié auec tant de contention, Malheur à ceux qui
cousent les oreillers sous les coudes, vous sçauez bien que cela
veut dire.

 

XI.

Que vous faisiez vn tort signalé, & lequel vous ne pouuez
reparer à tous les Religieux mandiants. Car non seulement vous
diuertissez le peuple, de la bonne volonté qu’il pourroit auoir de
leur faire du bien, & dont ils n’ont pas peu de besoin dans les miseres
de ce temps ; mais encore vous arrachez de leur cœur l’esprit
de charité que Dieu y a imprimé, & y mettez en sa place
celuy de cruauté, pour rauir sans scrupule tout ce qu’ils trouueront
dans les Conuents qui leur puisse estre vtile en quelque
façon que ce soit. Car si la Reine peut en bonne conscience, enuoyer
des Allemans & des Polonois dans les villages pour y

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