Anonyme [1649], LES SENTIMENS DV PVBLIC, TOVCHANT LA DOCTRINE preschée, par le Pere Favre. , françaisRéférence RIM : M0_3656. Cote locale : A_7_30.
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piller sans exception ny distinction tout ce qu’ils rencontrent, au
preiudice de tant de pauures enfans qui en souffrent & en meurent
de faim, Pourquoy n’en pourront pas faire le mesme & à
meilleur tiltre, vne infinité de pauures artisans, chez les Cordeliers
& les autres Religieux mandians, non pas pour l’emporter
en vn autre païs comme font les Estrangers, mais pour en
nourrir leurs femmes & leurs enfans, durant la persecution
qu’ils souffrent sans l’auoir meritée, & que vous approuuez ?
Sera-t’on criminel pour prendre des curiositez dans la chambre
du Pere Faure & dont il se peut bien passer, ainsi d’auoir du pain
pour des enfans qui meurent de faim, cependant que la Reine
est innocente en leur rauissant le mesme pain, & les mettant
dans vne miserable necessité de mourir ? Ie vous asseure mon Pere,
que ie ne peux pas m’empescher de pleurer entendant ces paroles,
& i’eus cette consolation de n’estre pas seul.

 

XII.

Que vous faites vn tort irreparable à la conscience & à l’honneur
de la Reine. Premierement à sa conscience, puis que vous
la formez dans vn erreur criminel, & lequel deuant Dieu ne diminuë
rien de son peché, quelque scrupule que vous luy ostiez
du cœur ; car n’estant pas son Pasteur, sous la direction duquel
elle peut s’excuser, quelques raisons que vous luy puissiez alleguer,
elle a obligation de ne vous pas croire, puisque vous estes
vn si mauuais Conseiller : Ainsi tout ce que vous faites est que
la releuant de scrupule, elle commet des vols, des impietez &
des sacrileges, lors qu’elle se persuade de bien faire ; qu’elle n’en
est point touchée, & n’en fait point de penitence : au contraire
adioustant crime sur crime, par la continuation & la perseuerance,
elle accroist incessamment sa damnation & la vostre. En
second lieu, vous offencez irreparablement, & mettez vne tache
sur l’honneur de sa Majesté que vous ne sçauriez effacer.
Car vous ne doutez pas, que la demeure du Cardinal Mazarin
dans la Cour & dans l’Estat, ne soit le principe & le premier mobile
de tous ces mouuemens irreguliers dont toute la France est
maintenant agitée ? Vous n’ignorez pas les Arrests de la Cour,
les Declarations des Princes, Grands Seigneurs, Parlements &
Prouinces vnies pour le bien de l’Estat, qui ne demandent que

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