Royaume, ou d’accorder aux Princes liguez vne
grande partie de ce qu’ils desirent : mais en cela,
ma douleur est de voir que le peuple qu’on force
de porter la peine de tout, ne peut esperer
d’en tirer aucun auantage pour le recompenser
de ses pertes, puis que personne ne s’interesse en
sa faueur. Il est vray que comme Dieu sçait
quelquefois tirer de bons effets d’vne mauuaise
cause, nous ne deuons pas perdre l’esperance
que nos Princes ne le seruent contre leur intention,
du moins c’est desia quelque espece de soulagement
pour tout le monde, que Mazarin soit
hors de France, bien que la crainte de l’y voir
rentrer à main armée, estouffe ce plaisir presque
en sa naissance, & c’est ce qui me donne lieu de
mettre en auant si nous deuons nous réjoüir ou
nous affliger de son depart.

Certes quand ie viens à considerer, que c’est
vn fardeau tres-pesant pour vn pouple, que la
presence d’vn tyran, que l’esperance des recompenses
qu’il donne à ceux qui le suiuent auec vne
profusion d’autant plus grande, qu’il viole
souuent sa promesse, ou qu’il ne donne que des
biens, ausquels il n’eut iamais de part, en fait
des tyranneaux comme luy : qu’il est comme le
chef sous lequel tous les autres membres assemblez
forment vn corps prodigieux & redoutable,
& que par consequent tous ces membres