auoir lieu de le supplanter.

Quoy qu’il en soit, il est croyable que Mazarin
n’a point eu d’autre intention en s’esloignant
de la Cour, que de rompre l’vnion de la
France ou des Princes auec l’Espagne, en donnant
à Paris le temps de se reconnoistre, pour
preuenir Porage dont il les menasse vainement,
puis que ce contre-poids de la force des Espagnols
en faueur de cette Ville, empeschera toujours
la balance de pancher de costé ny d’autre,
en nous donnant autant de secours qu’il nous
en faut pour nous empescher de perir, & non assez
pour venir à bout de nos ennemis. C’est
ainsi que Mazarin se trauaille inutilement à leuer
des troupes sur la frontiere pour les faire entrer
en France, puis que les Espagnols en sçachant
le nombre en feront venir vn pareil : De
sorte que ce ne sera qu’accroistre les mal-heurs
& les ruines de la France. Ie ne voy pas en effet
ce que Mazarin peut faire de considerable en faueur
de son party, s’il n’a le pouuoir de traiter
la Paix generale : & ce qui me fait parler auec
tant de certitude, est qu’il semble qu’il ne peut
rien faire plus à l’auantage de l’Espagnol & du
Duc de Loraine, que ce qu’ils esperent obtenir
en vertu de ce premier traité, qui les rend arbitres
absolus du sort de la France, & reduit le
Roy mesme à la necessité de voir ruiner son