Anonyme [1649], LES LEÇONS DES TENEBRES DES PARISIENS, OV LES PROPHETIES de Ieremie sont nayuement expliquées suiuant ce qui arriue à present. , françaisRéférence RIM : M0_1808. Cote locale : C_3_1.
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rudement de Dieu, qui nous abandonnant tout à fait,
ne nous a plus laisse personne pour nous consoler.

 

TROISIESME LEÇON.

1. L’ennemy a porté sa main à tout ce qu’elle auoit de plus cher,
parce qu’elle a veu les nations entrer dans son Sanctuaire, nations que
vous auiez commandé de n’y pas entrer.

Il n’y a rien de plus clair que cette prophetie ; car l’ennemy
qui a porté sa main sur ce que nous auions de plus cher, est Mazarin
qui nous a enleué le Roy, dont l’absence nous est si sensible,
qu’elle est à la verité le plus grand mal que nous ressentons.
C’est Mazarin, dis-je, qui a esté si perfide & si temeraire,
que d’entrer dans le Sanctuaire de Dieu en se faisant Cardinal,
titre qu’il porte, s’il faut dire ainsi, contre la volonté de
Dieu mesme, qui ne l’a iamais approuué, tesmoin sa meschante
vie.

2. Tout son peuple gemit & cherche du pain Ils ont donné tout ce
qu’ils auoient de plus riche & de pretieux pour se refaire vn petit.
Regardez moy, Seigneur, & considerez, parce que vous m’auez fait si
abjecte.

Dans Paris le peuple a longuement souspiré, & gemit encore
à present pour auoir du pain. La famine l’a tellement oppressé
qu’il ne se soucioit plus de thresors, ny des choses les
plus precieuses, pourueu qu’il eust dequoy se rassasier, & pour
soulager sa famine. Iettes-toy donc, pauure peuple, en ces
iours si considerables à cause de sa Passion qu’il souffrit pour
l’amour de toy, iettes toy entre les bras de ton Dieu, qui t’a
si fort rauallé, sans autre dessein que pour te releuer puis
apres.

3. O vous tous qui passez par ce chemin cy, voyez & considerez s’il
se peut rencontrer vne autre douleur qui soit semblable à la mienne,
parce qu’il m’a vandangé, comme parle le Seigneur au jour qu’il entre
en fureur.

Ie sçay que ces paroles dans tous les escrits des Sçauans, sont
saintement exposées pour signifier la personne de nostre Seigneur
Iesus-Christ ; mais vous me permettrez neantmoins de
les accommoder au sujet que i’ay commencé. Y a-t’il donc
vne plus grande douleur que celle des Parisiens. Ils sont priuez
de leur Roy, leurs plus chairs Princes sont leurs ennemis,
vn seul particulier leur cause vn mal sans pareil ; dans leur cœur
ils voyent la necessité du peuple, les Marchands se ruiner insensiblement,
le Senat auoir mille peines à composer les affaires,

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Anonyme [1649], LES LEÇONS DES TENEBRES DES PARISIENS, OV LES PROPHETIES de Ieremie sont nayuement expliquées suiuant ce qui arriue à present. , françaisRéférence RIM : M0_1808. Cote locale : C_3_1.