Anonyme [1652], LES ENTRETIENS IMPORTANS DE LA REYNE, AVEC LE CARDINAL MAZARIN. Sur le sujet de sa teste mise à cinquante mille escus. , françaisRéférence RIM : M0_1255. Cote locale : B_12_1.
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Entreprise malheureuse pour moy joint à la detention
des Deputez du Parlement de Paris, contre le droict des
gens, tant cela m’estant imputé à crimes capitaux par mes
aduersaires, n’aye pas raison d’apprehender la peine à perdre
tragiquement ma vie que i’auray peine d’empescher,
puis qu’elle est abandonnée à cinquante mille escus ; &
qu’il se trouuera assez de personnes qui executeront leur
volonté, pour toucher vne somme d’argent assez considerable
à des gens qui ne redoutent les perils ny les hazards,
possible que ceux là mesme que ie croy m’estre fideles
& qui me seruent, seront les satellites qui seront ce
coup, puisque l’argent fait violer toute fidelité & confiance
quelque religieuse & respectueuse qu’elle soit.

La Reyne, Monsieur, considerez que le Roy ne vous
abandonnera point, & tant que vous serez prés sa personne
comme vostre dignité de Gouuerneur principal vous
oblige. Il n’y a pas d’apparance qu’aucun soit si mal aduisé,
& si peu amoureux de sa vie que de se hazarder d’attenter
sur vostre personne, attendu que les Gardes l’empescheront
tousiours, joint que le respect de la Majesté Royale
donne tousiours de la retenüe aux plus determinez qui
sçauent que Dieu protege tousiours les personnes sacrez,
& partant, tant que vous serez aupres du Roy, vous pouuez
tenir vostre personne asseurée.

Mazarin, Madame, il y a des esprits si temeraires, & si
portez aux interests du gain & du prosit il n’y a sorte de
perils & de dangers qu’ils n’essuyent, & entreprise si scabreuse
qu’ils n’executent, sans auoir esgard aux personnes
sacrez quand elles seroient enuironnez de plusieurs legions
de Soldats. Cesar ce grand conquerant ne fut-il pas tué à
Rome en plain Senat parmy ses gardes Pretoriennes, qui
ne peurent empescher que M. Brutus & M. Lepidus n’eurent
le temps de luy percer le sein de vingt deux coups de
poignards : que si les grands Monarques ne se peuuent garder

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Anonyme [1652], LES ENTRETIENS IMPORTANS DE LA REYNE, AVEC LE CARDINAL MAZARIN. Sur le sujet de sa teste mise à cinquante mille escus. , françaisRéférence RIM : M0_1255. Cote locale : B_12_1.