seruice non plus que de toy vn bon conseil ? quel Chef
entre ces hommes sans conduite ? quel Conseiller parmy
des personnes ramassees qui n’en ont suiuy que de
pernicieux comme toy ? En vn mot, quelle science militaire
dans des vagabonds qui n’ont pratiqué que les
grands chemins ? les seuls appuis des mouuemens licentieux
que tu medite, & les colomnes de l’edifice ruineux
que tu veux bastir. N’as-tu point de peur d’estre
chassé comme autheur de nouueautez, qui change mesme
les choses plus iustes par malice, par vanité, ou par
vn gain mercenaire. Par malice, quand tu veux rendre
odieux le plus pretieux tresor de la Societé, & que tu ne
te resioüis pas seulement des maux d’autruy, mais que
tu les procure. Par vanité, quand tu espere tirer de la
gloire des ouurages de ta perfidie. Et enfin par interest :
Car ie pense que quelque Demon t’auoit promis de
t’enrichir durant cette guerre des richesses d’autruy, &
que tes biens estant en seureté, tu aurois plus d’occasion
de butiner sur tes freres, comme celuy qui du bord de
la mer regarde vn naufrage, auec bien plus de ioye de
se voir exempt du peril, que de compassion d’y voir
trebuscher les autres. Voila les seuls motifs, & non
point l’amour d’vn peuple que tu cajolle hors de propos,
qui te font inuectiuer contre cét accord qui renuerse
tes pretentions violentes.

Pour nous, de qui les sentimens sont plus genereux,
& les inclinations plus sinceres, nous crierons la Paix
pour Prouerbe de nostre felicité, comme les Romains
crioient, Talasso, pour marque de leur alliance. La
Paix donc, la Paix, & ne croyons pas cet esprit seditieux ;
puis que bien heureux sont les pieds de ceux
qui vont annonçants la paix : ne nous imaginons pas,
comme il fait, qu’elle ne soit que plastrée pour nous
seruir d’amusement, puis que les interests d’vn chacun
y ont esté fidellement examinés, & heureusement satisfaits,