peut creer ou ou faire reuiure la Lieutenãce. A quoy
ie responds que l’Estat est pardessus les Rois, &
que lors qu’il ne pourra subsister sãs cette charge,
ceux qui en sont les principaux subiects ont
droit de l’eriger & de l’establir. Que l’Estat soit
pardessus les Rois personne ne le peut reuoquer
en doubte que ceux qui sont nez Esclaues. Dieu
est plus que toutes les creatures, parce qu’il est
incrée, parce qu’il est la cause premiere & la derniere
fin de toutes choses. Les Rois sont hõmes
comme leurs Subiects, ceux cy ne tiennent ni
leurs biens ni leurs vies de luy, au contraire ils
donnent au Souuerain toute la puissance & toutes
les richesses qu’il possede. Le bien de l’Estat
est la derniere fin à laquelle le Roy & les Subjects
sont obligez de tendre, s’ils ne veulent eux
mesme & deuenir tyrãs ou rebelles & factieux,
& par ainsi la Lieutenance n’est point vn Cadavre
animé par des Demons ; cela se pourroit
dire de l’authorité du C. M. duquel nostre reuolté
a entrepris de faire le Panegire.

Il cõmmence son entreprise par ces termes.
Vous diriez que le Cardinal apres les longs & continuels
seruices d’vn zele desinteressé, & les glorieuses
qualitez de Ministre de deux de nos Roys, & de
Parrain de cettui-cy soit quelque Turc ou Sauuage
nouueau venu, qu’ils couronnent toutes leurs intures