Anonyme [1652], ADVIS SINCERE AVX BOVRGEOIS DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_543. Cote locale : B_17_11.
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vous ne faites pas vne démarche pour aller à leurs secours, vous
les laissez massacrer inhumainement, que n’auez-vous fait à lors
ces barricades ? s’il y en peut auoir de iustes, c’est en cette rencontre,
que ne les auez-vous portez iusques dans les portes de vos
tirans pour les faire eux mesme perir & vous mettre en liberté ?
Où est en suitte la vengeance que vous auez poursuiuie de ce paricide
public ? n’auez-vous pas deu, & deuriez-vous pas encore, si
vous auez du cœur & du courage, exterminer tous ceux qui peuuent
estre soubçonnez d’y auoir eu part. Il n’y a respect de condition
que vous deuiez preferer au salut public.

 

Voyla, Messieurs, l’estat auquel Dieu permet que les peuples arriuent,
lors qu’ils abandonnent le respect deu aux Souuerains,
establis par luy, pour courir à des pretextes de liberté imaginaire.
C’est l’esprit de vertige que Dieu mesle parmy eux, qui leur fait
en fin creuser eux mesmes l’abysme de leur perte, & trouuer leur
ruїne inéuitable.

De cette digression, ie reprendray la suitte de vos barricades,
Broussel vous fut rendu, le Roy voulut bien oublier vostre crime
& pour moy ie tiens pour certain que le trop de bonté & d’indulgence
que sa Majesté à eu pour vous, est l’vne des causes principales
de vos mal heurs & de nos miseres presentes.

Vne personne plus moderée & qui eust eu plus de probité que
Broussel, se fust trouué confuse elle mesme, elle se fust condamnée
comme criminelle, d’auoir acquis l’amitié & le credit du peuple, &
encore par des voyes si scandaleuses & si punissables. Car en vn
Estat Monarchique, c’est vn crime, & des plus capitaux, que de
s’acquerir le credit des Peuples au prejudice du Souuerain. Le
seul soubçon en cela faisoit autrefois exiler des grands Personnages,
vtiles d’ailleurs & fort innocens. Sans doute, vn autre que
Broussel eust eu recours au Roy, il se fut retiré des affaires, il
n’eust pas voulu estre dauantage la pierre de scandalle & alors sa
moderation eust esté loüée, mais cet homme tout au contraire,
n’en deuient que plùs fier & plus audacieux. Il continuë ses mesmes
pratiques, il deuient vn illustre parmy vous, il n’y a coing de
ruë ou l’on ne voye son Portrait ; luy qui fust demeuré enseuely
dans l’obscurité s’il ne se fust esleué & fait cõnoistre par la faction.

Vous mesmes, Messieurs, imputastes à foiblesse du gouuernement,
la bonté que le Roy auoit euë de mettre en liberté ce seditieux.
Vous creustes qu’il y auoit de la seureté à entreprendre dauantage.
Les Assemblées du Parlement continuent sur vos clameurs,

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