Anonyme [1652], ADVIS SINCERE AVX BOVRGEOIS DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_543. Cote locale : B_17_11.
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C’est icy, Messieurs, le pas glissant que vous auez fait. C’est l’occasion
dans la quelle vous auez preferé Broussel, vn broüillon, vn
pedant vn republicain & vn criminel d’Estat ; à l’obeissance que
vous deuez à vostre Souuerain, vous vous estes barricadez dans
vostre ville, vous auez crié viue Broussel, vous auez menacé les
armes à la main de mettre tout à feu & à sang, si lon ne rendoit
Broussel. Ne vous en excusez pas sur la canaille, & ne dites pas
comme vous faites ordinairement, qu’il est bien estrange que lon
eust choisi le iour destiné à vne réjouissance publique, pour cette
execution. Car quel interest y auez-vous ? y a il quelque iour dans
l’année ou dans le cours des affaires du monde qui vous dispence
de l’obeissance, ou qui vous permette de vous esleuer contre les
volontez de vostre Souuerain ? Et quand à la canaille, il est vray
que le iour de cet emprisonnement l’on en vit dans les ruës, mais
deuant la fin de la iournée cela fut dissipé & tout le monde sçait
qu’il ny eut iamais à Paris, vne nuit plus tranquille que celle qui
suiuit cette iournée. Qui est-ce qui entreprit le lendemain matin
le premier ouurage de la sedition, qui commença par vn assassinat
en la personne du Chef de la Iustice & des siens ? Ne fut-ce pas des
personnes qualifiées parmy les Bourgeois ? Fut-ce en suitte des
canailles qui se barricaderent par toute la ville ? N’est-il pas vray
que ce fust vous ; Messieurs, qui ne peustes souffrir vne execution
de Iustice ordonnée par vostre Souuerain ? Ne fust ce pas vous
que pour vne personne de nulle valleur, pristes les armes, leuastes
les chaisnes, portastes des barricades & des sentinelles iusques à
la garde du Roy ; & qui menaçastes de mettre tout à feu & à sang
si l’on ne vous rendoit vostre Tribun ?

Pour moy quand ie fais comparaison de cette iournée auec celle
qui se passa le quatriesme Iuillet dernier, ie demeure suspens
& estonné. Ie ne puis discerner si vous agissez librement, ou par
les mouuemens d’autruy, s’il y a en vos conduites de l’aueuglement,
ou de la rage, vous ne pouuez, sans vous porteraux dernieres
extremitez, supporter vne execution de Iustice qui se fait par
les ordres de vostre Souuerain contre vne personne qui vous deuroit
estre en execration. Et vous voyez à vos yeux les plus celebres
personnes de vostre ville de toutes qualitez & professions,
deputez des quartiers, assemblez dans l’azile public pour pourueoir
à vostre seureré, assassinez & embrasez par l’ordre de vos
tirans. Durant cette horrible tragedie qui fait couler le sang de
vos concitoyens, vous demeurez enfermez dans vos maisons,

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Anonyme [1652], ADVIS SINCERE AVX BOVRGEOIS DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_543. Cote locale : B_17_11.