Sipois, Cermier de (P. A. N.) [signé] [1649], LETTRE DV SIEVR CERMIER DE SIPOIS, A MONSEIGNEVR LE DVC D’ORLEANS. SVR LES DEFFIANCES DE de quelques particuliers touchant la Paix. , français, latinRéférence RIM : M0_2198. Cote locale : A_5_87.
Page précédent(e)

Page suivant(e)

-- 23 --

tous en l’armes, qu’il fit paix aussi-tost auec les Romains,
& cessa de faire la guerre à sa patrie.

 

Si l’on ne sçauoit pas combien les guerres ciuiles apportent
de miseres : & si nostre France n’auoit pas elle mesme
seruy de theâtre, il n’y a pas long-tems, pour en representer
les cruautez ; Ie rapporteray icy cette sanglante
guerre ciuile de Marius & de Sylla, qui remplit toute
l’Italie de sang, & qui fit par tout vne horible & espouuentable
boucherie. Comme ces deux monstres de cruauté
furent tous deux maistres de Rome & de l’Italie, l’vn
apres l’autre, & firent par consequent massacrer tous
ceux qu’ils pouuoient trouuer de contraire party ; c’est
vne chose effroyable combien il y eut de sang respendu.
Le pere égorgeoit le fils, le fils le pere ; Il n’y auoit aucune
pieté qui peut arrester le cours de ce desordre, tant
on estoit acharné les vns contre les autres. Mais la guerre
ciuile qui fut suscitée quelque temps apres par Pompée
& Cesar, & ce continua par le triumvirat d’Octauius,
Antonius & Lepidus, contre Cassius & Brutus, fut
bien plus sanglante. Cette guerre dura trente-deux ans,
& se respendit presque par tout le monde, qui lors estoit
en la sujetion du peuple Romain, & s’en ressentirent
les peuples du Leuant, du Couchant, du Septentrion,
& du Midy : Il fut verifié que dans ces troubles là, depuis
leur commencement iusques au Consulat de Cesar
seulement, moururent des citoyens de la seule ville de
Rome, le nombre de cent soixante & dix mille ; & est
bien croyable qu’il en mourut beaucoup plus depuis, &
qu’il en mourut dix fois autant des Prouinces suiettes à
l’Empire Romain. Mais que s’ensuit-il de toute cette
barbarie, sinon le bouleuersement de ce mesme Empire ?
C’est le fruict qu’apportent infailliblement les guerres
ciuiles & c’est la raison aussi pour laquelle tout bon
Prince mettra tout son soin à les preuenir, ou au moins
à les estouffer dans leur naissance, à l’exemple de ce bon
& sage Roy Charles VII. ce Prince estant encore

Page précédent(e)

Page suivant(e)


Sipois, Cermier de (P. A. N.) [signé] [1649], LETTRE DV SIEVR CERMIER DE SIPOIS, A MONSEIGNEVR LE DVC D’ORLEANS. SVR LES DEFFIANCES DE de quelques particuliers touchant la Paix. , français, latinRéférence RIM : M0_2198. Cote locale : A_5_87.