Sipois, Cermier de (P. A. N.) [signé] [1649], LETTRE DV SIEVR CERMIER DE SIPOIS, A MONSEIGNEVR LE DVC D’ORLEANS. SVR LES DEFFIANCES DE de quelques particuliers touchant la Paix. , français, latinRéférence RIM : M0_2198. Cote locale : A_5_87.
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les edifices bastis par nos Majeurs, où sont leurs statuës
& les images de leurs victoires & triomphes, & pourquoy
vous voulez abolir leur memoire, que respondrez-vous ?
pour parler franchement, vous ne sçauriez auoir sujet d’agir
de la sorte, si vous ne voulez dire que les amis & ennemis,
coupables & innocens, les morts & viuans doiuent
également souffrir la vangeance de l’iniure qu’on
vous a faite ; chose qui est du tout indigne de vostre pensée.
Vous deuez considerer l’inconstance des affaires de
ce monde, le changement des esprits des hommes, & excuser
l’accident qui vous est arriué à nostre grand regret,
& accepter vn retour honnorable en vostre patrie qui
vous desire pour continuer à employer vostre vertu pour
elle, comme vous auez fait par le passé. Par ce moyen
vous laisserez apres vous vne bonne & saincte reputation
de vostre vertu à la posterité : & si vous faites autrement,
vous laisserez apres vostre mort vne memoire de vous
comme d’vn ennemy, pilleur & saccageur de vostre pauure
patrie, où vous estes né, & où vous auez esté nourry
si tendrement & si honnorablement. Bien plus, tant que
vous viurez vous serez en horreur & execration à tout le
monde, voire mesme aux Volsques qui maintenant vous
sont amis ; si bien que tout le monde fuira vostre compagnie
comme d’vn brigand ou d’vn voleur. Et partant
nous vous prions de tout nostre cœur, Seigneur Coriolanus,
de vouloir oublier l’iniure que vous auez receuë
iniustement, & d’accepter & accorder vn heureux, salutaire
& honnorable retour en vostre patrie & en vostre
maison, où est vostre pauure mere, vostre chere femme,
vos aimez & chers enfans qui sechent de douleur & de
tristesse de vostre absence, & mesme depuis qu’on leur a
fait sçauoir que vous venez à main armée pour les mettre
au tranchant de l’espée auec les autres. Ce discours eut
tant de force sur l’esprit de Coriolanus, ioint à cela que
Veturia sa mere & sa femme Volumnia le vindrent touuer,
portans ses petits enfans entre leurs bras, & fondans
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Sipois, Cermier de (P. A. N.) [signé] [1649], LETTRE DV SIEVR CERMIER DE SIPOIS, A MONSEIGNEVR LE DVC D’ORLEANS. SVR LES DEFFIANCES DE de quelques particuliers touchant la Paix. , français, latinRéférence RIM : M0_2198. Cote locale : A_5_87.