Saint-Julien,? [?] [1650], LE COVRRIER BVRLESQVE DE LA GVERRE DE PARIS, Enuoyé à Monseigneur le Prince de Condé, pour diuertir son Altesse durant sa prison. Ensemble tout ce qui se passa jusques au retour de Leurs Majestez. , françaisRéférence RIM : M0_814. Cote locale : A_9_9.
9. Mars.
Le dix on sceut qu’en Normandie, Pour ioindre à l’armée ennemie Le Barron de Marre leuoit Le plus de Trouppes qu’il pouuoit : Mais que Chamboy guerrier habille, Lieutenant du grand Longueville, Auec cinq ou six cens cheuaux Ayant poursuiuy ces Royaux ; Sceut que dans le Chasteau de Chesne Ces gens qu’on faisoit pour la Reine Auoient esleu leur rendez-vous. Il y courut tout en courroux, Et par vn plaisant artifice Faisant faire alte à sa milice Luy trentiesme quittant le gros Vint à Chesne tout à propos, Où sans dire qu’il fust des nostres Il fut receu comme les autres, Qui beuuoient tous comme des trous, Et qu’on tua comme des poux : Car Chamboy s’estant fait connoistre Se rendit aisement le Maistre, Et les prit tous ou les tua, Comme vn second Gargantua.
10. Mars.
Le Ieudy vint à l’Audience Auec des lettres de creance Que dans sa poche il apporta, Vn Deputté que deputta Monsieur le Duc de la Trimoüille Qui voulant empescher la roüille De son courage martial, Monté dessus son grand cheual Pour le secours de nostre ville, Auoit leué prés de trois mille La moitié grimpez sur roussins, L’autre moitié des fantassins.
11. Mars.
La nuit les Trouppes ennemies. Que nous croyions estre endormies, Vinrent voir ce que nous faisions, Et virent que nous acheuions Nostre pont dessus la riuiere, Ouurage qui ne leur plut guere, Et qu’elles eussent bien aimé De voir de loing bien allumé : Ce fut du costé de la Brie Que parut leur Cauallerie Qui vint reconnoistre ce pont ; Mais son retour fut aussi prompt Qu’auoit esté son arriuée, Heureuse de s’estre sauuée, Puis qu’elle eust biẽ-tost veu beau ieu ; Les nostres affligez fort peu D’auoir manqué cette couronne, Et de n’auoir tué personne, Veu que c’est vn acte cruel : Et que l’on traittoit à Ruel.
D où le lendemain retournerent, Et des Articles apporterent Tous nos Messieurs les Deputez Assez tard, mais assez crottez Et dés ce iour les deux armées, Se sont vniquement aimées, Il n’est pas resté pour vn grain De Frondeur ny de Mazarin.
12. Mars
Samedy la Cour assemblée Parut extrémement troublée D’apprendre que nos Generaux N’auoient esté qu’en certains mots Compris au traitté pacifique, Sans auoir fourny de replique, Veu que personne de leur part N’auoit contesté pour leur part. Si bien qu’en cette conjoncture, Il fut dit qu’auant la lecture De ce qu’on auoit arresté, Derechef seroit deputé Pour conferer des aduantages De ces illustres personnages, Et de tous les interessez, Tant qu’ils eussent dit c’est assez, Qu’on supplieroit le Roy de mettre En vne seule & mesme lettre.
13. Mars.
Ce iour on eut aduis certain Que Monsieur du Plessis-Praslain Auoit des trouppes ennemies Fait vn amas des mieux choisies, Pour s’opposer à l’Archiduc Qui s’auançoit d’vn pas caduc, Et de qui la desmarche lente Ne doit pas moins d’espouuante.
Le Dimanche, les Deputez En carrosse estoient ja montez, Quand Lettre du Roy fut receuë [1 ligne ill.]
Saint-Julien,? [?] [1650], LE COVRRIER BVRLESQVE DE LA GVERRE DE PARIS, Enuoyé à Monseigneur le Prince de Condé, pour diuertir son Altesse durant sa prison. Ensemble tout ce qui se passa jusques au retour de Leurs Majestez. , françaisRéférence RIM : M0_814. Cote locale : A_9_9. |