M. L. [1649], LE BOVCLIER ET L’ESPÉE DV PARLEMENT ET DES GENERAVX, CONTRE LES CALOMNIATEVRS. , françaisRéférence RIM : M0_599. Cote locale : A_3_17.
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cause. Il falloit que l’amour fust bien ardent &
bien allumé qui leur a esté plus precieux que toutes
ces choses. La derniere sur tout auoit pour eux
des attachemens si forts que le mouuement qui les
a rompus ne peut estre plein que d’vne extrême
violence. Quand il nous faut armer nos bras contre
nostre sang, que nous sommes contraints de faire
la guerre à nos propres freres ; La necessité certes
est bien dure & bien rigoureuse ; Et ie ne sçaurois
dire quels peuuent estre ceux pour lesquels nous
leuons le bras contre de si doux & de si chers ennemis.
Il falloit à n’en point mentir que la Patrie eust
sur ces Conquerans genereux vn empire bien absolu,
puis qu’en des commandemens si cruels ils se
sont trouuez si tost prests d’obeïr.

 

La resolution
des Generaux
fut
vn effet de
vertu plus
qu’extraordinaire.

Ils l’ont fait toutesfois. C’est ce qui vous a trompez,
vous qui ne comprenez pas iusques où peut
aller toute la force d’vne grande ame, & qui peut-estre
n’auez encore iamais pensé qu’il n’y a rien qui
doiue estre preferable au Pays. Quand il y va de son
salut, il ne faut auoir rien de cher. Agamemnon
pour l’apprendre à toute la Grece, & mesme à toute
la terre, donna courageusement sa chere fille
pour estre immolée ; & pour l’amour des Grecs refusa
d’écouter la nature. Dans cette illustre passion,
Rome vit iadis le defenseur de sa liberté, son Horace
ne pouuoir pardonner à sa sœur, & lauer dans
son sang le crime de quelques paroles & de quelques

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M. L. [1649], LE BOVCLIER ET L’ESPÉE DV PARLEMENT ET DES GENERAVX, CONTRE LES CALOMNIATEVRS. , françaisRéférence RIM : M0_599. Cote locale : A_3_17.