Anonyme [1652], L’OFFICIER DE CE TEMPS DE LA MAISON ROYALE, Voyageant par la France pendant le temps present ; qui apprend les miseres & desordres qui se sont commis & commettent dans les Prouinces, Seigneuries & Terres du Royaume, causes d’icelles ; Dont il auroit escrit vne Tres humble Remonstrance faite au Roy, luy declarant les moyens d’y pouruoir à la gloire de Dieu, & le repos de son Estat, sur les mauuais conseils à luy donnez par ses plus proches. , françaisRéférence RIM : M0_2585. Cote locale : B_3_25.
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vous flatter : Car ie vous aime tres-chrestiennement.
Celuy qui aime, ne peut tromper son amy, & moins
son Prince & Seigneur, ains en sa necessité luy donne
vn conseil vtile & necessaire : & ne craint pas quelquesfois
d’irriter son amy par vehemence de parolles,
pour luy faire gouster le bien de son conseil, &
le danger qu’il peut encourir en le refusant.

 

Les fruits de sa saincte amitié s’apperçoiuent non
seulement en l’agreable conuersation, mais aussi
en la libre reprehension & honneste remonstrance :
l’inconstance de l’homme, croire des plus grands,
estant telle que mesme, comme dit l’escriture, le
iuste peche sept fois le iour, & neantmoins par la
nature corrompuë, l’orgueil & presomption est tellement
enracinée en l’ame de l’homme, l’homme,
que combien que nous voyons le festu en l’œil
de nostre frere, nous n’apperceuons pas la grosse
piece de bois qui nous bande les yeux : Ce qui
nous induit souuent à excuser & iusques à defendre
nos fautes. Il ne faut point, dit le sage, s’approcher
des Princes pour leur complaire, car c’est les perdre :
mais bien pour leur dire la verité.

Au contraire, les flateurs sont amis de la table &
de la bourse, & n’ont autre but que le profit : tous
leurs conseils & façons de faire, ne sont à la verité
les plus grands ennemis que les Princes ayent. Et à
ce propos, dit le sage, que les rudesses & coups de
l’amy, sont beaucoup meilleurs & plus doux que les
baisers du flateur ennemy. Les paroles du flateur,
dit le Prouerbe, sont paroles de cuisine, car elles
loüent pour tirer profit : elles ressemblent au vin empoisonne
car en flatant & loüant ce qui ne doit estre
loüé, les Princes s’endorment en leurs vices, & perdent
eux & leurs estats : Bref les flateurs sont des Clymacides
& glossogastres, lesquels, pour profiter,
font vn mestier sordide, & ont la langue & l’ame venale.

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Anonyme [1652], L’OFFICIER DE CE TEMPS DE LA MAISON ROYALE, Voyageant par la France pendant le temps present ; qui apprend les miseres & desordres qui se sont commis & commettent dans les Prouinces, Seigneuries & Terres du Royaume, causes d’icelles ; Dont il auroit escrit vne Tres humble Remonstrance faite au Roy, luy declarant les moyens d’y pouruoir à la gloire de Dieu, & le repos de son Estat, sur les mauuais conseils à luy donnez par ses plus proches. , françaisRéférence RIM : M0_2585. Cote locale : B_3_25.