que ce soit, se relaschent de cette vigueur des Empereurs
precedens, quelque sentiment de bonté
qu’ils fissent paroistre d’ailleurs. Adrian en fit l’espreuue
à son preiudice, lors qu’il resolut de quiter
les Prouinces transtigritanes, que Trajan auoit
conquises sur les Indois : & l’on s’en doit d’autant
moins estonner que les desirs des peuples, qui volent
tousiours sur les aisles de leur esperance au delà
des lieux où tournent les armes de leurs Conquerans,
estans par là ramenez à l’ame, qui les
poussoit aux desirs, souffrent ie ne sçay quelle contrainte,
ou plustost sont destruits auec leur objet.

MON FILS, ne soyez pas du nombre de ces
mal-heureux, qui comme Persée & Philippe Roys
de Macedoine sont les sujets de la colere & de l’indignation
de toutes les personnes genereuses, qui
les suruiuent : & pour n’auoir ce des-auantage, chassez
tous les obstacles qui vous empeschent d’estre
veritablement Prince & Conquerant. Vous ne
sçauriez conquerir sans forces, & sans thresors, assembler
des forces & des thresors qu’en pacifiant
vostre Royaume, ny pacifier vostre Empire qu’en
esloignant de vous les sujets qui le donnent en
proye aux fureurs d’vne guerre ciuile, & vous esloignent
du sejour de vostre Ville de Paris, qui seule
vous peut rendre maistre de plusieurs Empires. Prenez
donc cette belle resolution, loing des in dignes
tendresses que vous auez pour vne Mere ingrate,
& pour vn Estranger qui la deshonore, & qui vous