que nos forces & nostre courage diminuent,
& que nous mourons à la gloire & à nos plaisirs,
ce qui fait vn changement déplorable en nos
personnes, aussi bien qu’en nos Estats. Ouy,
MON FILS, estre dépoüillé de son Estat, ou
seulement en perdre vne partie, ou souffrir qu’on
le déchire sous nostre regne, est vne mort d’autant
plus sensible qu’vn Prince la souffre viuant,
& qu’il suruit à son honneur, & c’est vne mort,
dont j’euitay tousiours les rigueurs, & que ie ne
souffre maintenant apres celle que i’ay déja soufferte,
que par ce que ie vous vois sur le point de
la souffrir.

Mais pourquoy me preualoir des auantages de
mon regne, dont vn autre a merité toute la gloire,
ne m’ayant laissé que le blasme de ses concussions
& de ses pilleries ? Ne m’accuse-t’on pas aujourd’huy,
de n’auoir eu que le titre de Roy, dont
vn autre exerçoit les fonctions, ce qui est l’estre en
effet. MON FILS, rendez-vous donc sage à mes
despens, & iugez que si l’on fait ces reproches à
ma memoire, pour l’autorité que ie laissay prendre
au Cardinal de Richelieu sur la mienne, lors
qu’il multiplioit mes Conquestes, & joignoit à
mon Royaume des Prouinces toutes entieres,
la posterité ne vous doit pas tout à fait condamner
pour la protection que vous prestez à ce
Monstre de Mazarin, qui vous depoüille de tous
les biens, dont l’autre s’efforça de me reuestir, &