qu’il fait souffrir au nom de la France, en ce sujet.

Le Cardinal de Richelieu fut parfaitement
liberal sur tout aux honnestes gens, & aux sçauantes
personnes, à qui la fortune s’estoit monstrée
auare en naissant, & le Mazarin à tousjours
paru le plus traistre & le plus ingrat de tous
les hommes, sans auoir honoré le merite d’aucune
faueur, ny reconnoissance.

Aussi le Cardinal de Richelieu receut par
tout des honneurs, & des respects incroyables, &;
veid sa gloire à l’enuy celebrée par les plus grands
esprits de l’Europe, & Mazarin traitté par tout
d’infamie & de vagabond, n’a pas moins que luy
laissé de plumes à d’escrire ce qu’il y a de plus reprochable
en sa conduite, & dans ses actions.

Vne difference tres-considerable, se trouue
encore entre ces deux personnages, c’est que le
Cardinal de Richelieu fit trembler sous le joug
de son autorité, tout ce qu’il y auoit de braues &
d’illustres parmy la France, & donna de la terreur
mesme à tous les Potentats de l’Europe, au lieu
que Mazarin est deuenu méprisable, iusqu’aux
valets d’escurie, & n’a plus d’empire, que sur
ceux qu’il tient à gages, desquels il n’est pas
moins haï dans l’ame que des autres. Ainsi l’on
ne peut douter, que le Cardinal n’ayt tous les vices
du deffunt, sans auoir aucune de ses vertus, &;
qu’il ne vous ayt esté donné comme fatalement,
pour détruire ce que l’autre auoit estaby, & rendu