foiblesse & leur auidité nompareille, & se rendent
odieux & suspects à tout le monde, en obligeant
vostre Majesté de les inuestir de tous les
benefices, & de toutes les charges lucratiues qui
se presentent dans vostre Estat. Quoy donc,
mon FILS, pensez-vous que ces ames mercenaires
ayent vostre bien pour objet, si elles constituẽt
leur derniere fin dans l’establissement de leur
fortune ? Et ne pensez vous point quelquefois,
que si vous cessiez de leur faire ces largesses, vous
les verriez prendre de diuers pretextes pour se
retirer de vostre seruice ? Croyez-moy, se sont
vos faueurs & vos dons qu’ils ayment, & non
vostre personne ny vostre Estat : & c’est pour cela,
qu’ils ne meritent rien moins que ces biens
que vous leur départez auec profusion, sans iustice
& sans connoissance. Ils sont bien esloignez
de la generosité de ce braue Soldat Romain, lequel
estant honoré par son Lieutenant d’vn collier
d’or, & de bracelets de grand prix, pour recompense
de ses seruices, que son Capitaine n’auoit
pas assez-tost reconnus à son gré, les méprisa
comme indignes de luy, quand son Capitaine
jaloux qu’vn autre eust eu la gloire dé signaler
son meritte à son prejudice, luy dit seulemẽt qu’il
auoit receu les marques il & les presents d’vn hõme
riche, & receut auec rauissement ie ne sçay
quelle Couronne de peu de valeur, dont ce Chef
luy fit vn don en presence de toute l’Armée.