pour l’auoir mis dans vn employ qu’il ne meritoit
pas, n’ayant pas la teste assez forte pour y bien
reüssir en est ou i’ay esté mal-heureusement trompé,
& dautant plus qu’en le quittant, ie luy auois si bien
donné tous ses ordres par escrit qu’il estoit ce me semble
presque impossible d’y pouuoir faillir, mais quoy si
le grand Apollon a autrefois esté capable d’vne pareille
faute, ie l’ay bien peu faire apres luy. Vous sçauez
grand Dieu comme il a donné les resnes de son char
au ieune Fæton, lequel aussi-tost qu’il fut monté sur ce
grand esclat de l’vniuers, s’esblouyt & laissa regner le
desordre en sa conduitte, ce qui le rendit innocemment
cause de tous les maux qui en arriuerent & de sa
perte mesme. Helas Sire, ce mal-heureux Cardinal a
fait la mesme chose, le grand esclat de ce chariot du
premier Mynistere l’a esblouy & fait tresbucher, cela
est veritable, mais pourtant les maux qui en sont arriuez
ne prouiennent point d’aucune malice affectée,
ains plustost d’vn mal-heur qu’il ne pouuoit euiter, à
quoy l’auguste Parlement de Paris trauaille tant qu’il
peut (à ce que l’on nous apprend icy) pour y apporter
les remedes necessaires ; c’est pourquoy grand Dieu,
ie vous demande pardon pour ce miserable, & prie
vostre diuine Maiesté de moderer en quelque sorte la
rigueur de son arrest & de sa destinée. Pendant tout
ce discours, Minos qui estoit en colere remuoit & faisoit
dancer sa barbe aussi fort que font les machoirs
d’vne vielle ou d’vn magot à qui l’on fait beaucoup de
mal, & vouloit anatematiser contre le Cardinal de Richelieu ;
mais le prudent Radamante prenant la parolle

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