Anonyme [1649], L’ENTRETIEN SECRET DE MESSIEVRS DE LA COVR DES. GERMAIN, AVEC MESSIEVRS DE LA COVR DE PARLEMENT DE PARIS. , français, latinRéférence RIM : M0_1244. Cote locale : C_7_72.
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Nous ne voulons pas croire ce qui se publie auiourd’huy de
sa naissance & de ses mœurs : La passion est trop forte pour
qu’elle ne soit pas suspecte, quand mesme elle diroit la verité :
Mais quand on ne diroit que cela seul, que ce Ministre n’est pas
François ; que sa naissance est inconnuë ; que sa vertu n’auoit
point ietté ses rayons par delà l’ordinaire ; que sa suffisance dans
les lettres auoit paru tres mediocre, ou tout à fait ignorante ;
que sa pieté n’auoit point produict de grands exemples ; qu’il
ne sçait ny nos maximes, ny nostre langue ; que sa façon d’agir est
extremément differente de celle des François ; qu’on l’auoit
mesme veu dans vne condition contemptible & mesprisable,
auparauant que le rencontre luy eust donné la disposition de
nostre Sceptre : Aprés tout cela, y auoit-il apparence qu’vne sagesse
comme la vostre, que par principe de foy Politique, nous
deuons tenir pour infaillible, deust se laisser surprendre en vne
affaire si importante, où il y va du salut du Roy & de l’Estat ?

Quand vous auez veu par les effects, que sa mauuaise administration
respondoit aux iustes soupçons qu’on pouuoit auoir
de ses mauuaises qualitez : Quand vous auez veu que nos affaires
se décreditoient à veuë d’œil sous sa conduitte, & que les
aduantages que nous auions acquis retournoient de succez en
succez du costé de nos ennemis : Quand vous auez veu qu’il
refusoit la Paix, que la France pouuoit donner heureusement à
toute la Chrestienté, & la retenir glorieusement pour elle mesme :
Quand vous auez veu que les Armées du Roy auoient souffert
vn si sanglant affront deuant Lerida, entre des mains accoustumées
à la victoire & au triomphe : Quand vous auez veu
qu’au lieu de reparer cette iniure, ce Ministre s’occupoit à preparer
des spectacles scandaleux, & des machines d’Enfer, arrosées
du sang du Peuple, cependant que l’Archiduc Leopold se
preparoit aux Pays-bas au Siege d’Armantieres, qu’il menaçoit
à la face d’vne armée Royale ; cependant qu’il choisissoit Landrecy,
& qu’il disposoit les trophées, ausquels ont assisté leurs
Maiestez ; Cela ne meritoit-il pas bien, Messieurs, que vous autres,
à qui toute la France se rapporte de ses interests : Cela ne
meritoit-il pas bien que vous examinassiez les causes de nos disgraces,
& la capacité de ce Ministre ?

Vous dites en vostre tres-sage & tres iudicieuse, aussi bien
que tres-humble Remonstrance au Roy & à la Reyne, que

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