Anonyme [1652], L’ALLIANCE DES ARMES ET DES LETTRES DE MONSEIGNEVR LE PRINCE. Auec son Panegyrique, presenté à son Altesse Royale. , françaisRéférence RIM : M0_60. Cote locale : B_7_18.
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Il ne trouuoit point de soulagement que dans les auantages
qu’il nous procuroit, quand il laissoit passer vne occasion
de pouuoir donner au public des témoignages de
son zele. Et le plus grand éloge que nous luy puissions
donner, est de souhaitter aux Princes qui viendront apres,
les mesmes qualités que nous auons admiré en luy, pour
rendre la France tousiours heureuse & tousiours triomphante.

De tous les emplois que l’homme puisse auoir, le plus
difficile est, sans doute, celuy de gouuerner les Estats, &
commander aux peuples : La raison est, qu’on ne peut establir
vne regle stable & immuable au gouuernement des
Empires, & ce qui cause la reuolution des affaires de ce
monde, cause aussi le changement des maximes fondamentales
pour bien gouuerner. C’est pour quoy les sages
Ministres sont la Gloire des Princes, & la felicité des peuples ;
leur choix, la vraye marque de leur fortune ; & leur
autorité, l’accroissement de la leur sous leur conduite.

C’est ce que l’Empereur Charles Quint auoit tres-bien
reconnu, quand il disoit à son fils, luy presentant le Secretaire
Eraso, qu’il luy donnoit quelque chose de plus grand
que ses Estats & que les Couronnes qu’il venoit de luy resigner.

Louys le Iuste, qui auoit experimenté ce que peut vn
Grand & fidelle Ministre, nous fournit vn exemple beaucoup
plus illustre pour le choix qu’il fit de Monseigneur
le Cardinal Mazarin, lequel voulant dignement reconnoistre
les grands seruices qu’il luy auoit rendus : voulut
auant sa mort qu’il fust Parrain du Roy son fils, afin que
cét honneur fust comme vn lien qui l’attachast tout à fait
à seruir la France de ses sages conseils.

Dés que ce Prince de l’Eglise eut asseuré nostre Roy de
son affection enuers cét Estat, il creut son fils heureux non
pas tant par cette illustre Couronne qu’il luy laissoit, que
pour l’vtilité qu’il deuoit receuoir des conseils de ce
Grand Personnage. La tristesse fit place à la ioye dans le

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