Anonyme [1652], L’ALLIANCE DES ARMES ET DES LETTRES DE MONSEIGNEVR LE PRINCE. Auec son Panegyrique, presenté à son Altesse Royale. , françaisRéférence RIM : M0_60. Cote locale : B_7_18.
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auersions contre le bien public, & le repos de l’Estat ?

 

La calomnie qui l’osa attaquer autrefois doit rougir
maintenant par les preuues qu’il donne de sa fidelité, de
son zele & de sa valeur ; Et s’il a semblé à quelques-vns
qu’il n’a pas tousiours conspiré à l’auancement de nos
affaires, c’est parce qu’il a esté contraint de ceder à vne necessité
plus forte. Si sa vertu a paru languissante en vn
temps où elle estoit capable de beaucoup de merueilles,
c’est parce que le pouuoir luy manquoit : Et que l’ambition
qui dominoit alors ne pouuoit souffrir à la Cour celuy
qu’elle redoutoit.

Les Estats qui sont considerables par leurs forces, le
sont encore par la reputation de ceux qui les gouuernent,
& qui trauaillent à les agrandir. La France qui a tousiours
esté redoutée pour l’estenduë & la richesse de ses Prouinces,
l’est beaucoup plus par la valeur de sa noblesse, & par
la suffisance de ses Ministres, qu’elle ne l’est pour ses propres
forces.

I’ay fait voir la Gloire des Armes en la personne d’vn
Grand Prince, il nous faut voir en suite celle de la Politique
en la personne d’vn autre Prince, à sçauoir feu Monseigneur
le Prince de condé, dont la memoire ne mourra
jamais. Il faudroit estre d’vn autre monde pour ignorer
la qualité de ses seruices, son extraordinaire capacité en
vn homme de sa condition, son experience aux affaires
d’Estat, son assiduité dans les Conseils, son affection enuers
le Roy, & son respect enuers la Reyne.

Le soin qu’il prenoit des affaires, tant au dehors qu’au
dedans du Royaume, estoient ses occupations ordinaires
qu’il ne quittoit jamais. Il preferoit la santé de l’Estat à
celle de sa personne, & les commodités publiques, aux
particulieres. Sa vertu tousiours agissante, & son affection
enuers le public, le priuoient du repos que la nature
demandoit : Elles le rendoient presqu’insensible aux maux
qui le touchoient, par l’apprehension qu’il auoit de ceux
qui touchoient le public.

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Anonyme [1652], L’ALLIANCE DES ARMES ET DES LETTRES DE MONSEIGNEVR LE PRINCE. Auec son Panegyrique, presenté à son Altesse Royale. , françaisRéférence RIM : M0_60. Cote locale : B_7_18.