Anonyme [1652], LETTRE RENDVË AV ROY EN PARTICVLIER, Pour luy representer les dangers ausquels les Princes exposent leurs Estats en poussant à bout la patience de leurs Peuples. Prouué par les Exemples tirez des Histoires Anciennes & Modernes, Estrangeres & Domestiques. , français, latinRéférence RIM : M0_2254. Cote locale : B_2_34.
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mille cheuaux. Tous, ou la pluspart de ces Ambassadeurs
estoient venus pour le bien du Roy & de son Royaume, mais
il n’y en eut pas vn qui ne trouua ces offres du Roy bonnes
& raisonnables : comme aussi faisoient tous les Princes &
Seigneurs du Royaume, & tout le Conseil du Roy. Tellement
que les Ambassadeurs de sa Majesté, qui estoient le
Duc de Bourbon, le Comte de Richemont, Connestable
de France, Archeuesque de Reims Chancelier, le Seigneur
de la Fayette, Mareschal de France, & plusieurs autres
grands Seigneurs, en pleine assemblée, au nom du Roy leur
Maistre, demanderent pardon au Duc de Bourgogne de la
mort de son pere, confessans, comme nous auons desia dit,
que le Roy leur Maistre auoit commis cette mauuaise action
par ieunesse & mauuais conseil, & le prierent de quitter la
mauuaise volonté qu’il auoit legitimement conceuë contre
luy, & de vouloir viure à l’aduenir en paix & bonne amitié.
Voila comment le Roy Charles VII. appaisa les guerres ciuiles
de son Royaume, par son humilité & reconnoissance
de ses fautes ; Aussi de là en auant prospera-il de telle sorte,
qu’apres auoir mis fin aux guerres ciuiles, il vint puis apres
au dessus des guerres estrangeres contre les Anglois. Il ne
faut point douter que ce ne fust vne toute particuliere benediction
de Dieu, qui prend plaisir à esleuer les humbles,
& à ruïner & renuerser les orgueilleux & superbes. Et à la
verité ce n’est point vne chose messeante à vn grand Prince
de temperer sa Majesté par vne gracieuse humilité, douceur
& affabilité : au contraire, cette temperation, comme dit
fort bien Plutarque, est si harmonieuse & si excellente, qu’il
n’en est point de plus parfaite que celle-là. Si le Roy eust
eu de tels Conseillers qu’il en est auiourd’huy, quel conseil
luy eussent-ils donné sur cette affaire ? Ils luy eussent dit
sans doute, que de s’humilier ainsi enuers son vassal, de luy
demander pardon, de confesser d’auoir mal fait, de le quitter
luy & ses sujets du seruice personnel, ce sont choses indignes
d’vn Roy, & qu’vn Roy ne doit iamais faire paix qui
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Anonyme [1652], LETTRE RENDVË AV ROY EN PARTICVLIER, Pour luy representer les dangers ausquels les Princes exposent leurs Estats en poussant à bout la patience de leurs Peuples. Prouué par les Exemples tirez des Histoires Anciennes & Modernes, Estrangeres & Domestiques. , français, latinRéférence RIM : M0_2254. Cote locale : B_2_34.