Baltasard, Christophle [1645], TRAITTÉ DES VSVRPATIONS DES ROYS D’ESPAGNE, SVR LA COVRONNE DE FRANCE, Depuis le Regne de Charles huictiesme. ENSEMBLE VN DISCOVRS SVR LE COMMENCEMENT, progrez, declin, & démembrement de la Monarchie Françoise, droicts, & pretentions des Roys Tres-Chrestiens sur l’Empire. AVGMENTÉ D’VN SOMMAIRE DES DROICTS de ceste Couronne, sur les Comtez de Bourgongne, Cambray, Haynault, de Genes & Luxembourg. ET LES VICTOIRES ET CONQVESTES DES ROYS LOVIS XIII. dit le IVSTE, & de LOVIS XIV. dit DIEV-DONNÉ, sur les Espagnols, & les Austrichiens, en Italie, Alsace, Flandres, Luxembourg, & Comté de Bourgongne, Catalogne & Roussillon. Par C. BALTASARD. , françaisRéférence RIM : Mx. Cote locale : D_1_6.
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DISCOVRS SVR LE COMMENCEMENT, PROGREZ
& declin de l’ancienne Monarchie Françoise, droicts & pretentions
des Roys Tres-chrestiens sur l’Empire.

Les François habitoient sur le riuage du Sal, qui arrose la Franconie,
lors qu’ils ietterent les fondemens de ceste grande Monarchie souz
l’heureuse conduite de Pharamond & Claudion leurs premiers Roys. Ces
grands Princes appris par l’exemple des plus florissantes Republiques du
monde, que toute Principauté naissante doit son affermissement au calme
d’vne longue & profonde paix, modererent auec la douceur du repos l’ardeur
de ce peuple guerrier : & souz l’appuy de leurs voisins, dont ils cultiuerent
l’alliance, conseruerent heureusement leurs conquestes. Ainsi la
valeur & la prudence partagerent l’honneur de l’establissement de cet
Estat. Meroüee, successeur de Claudion, Prince ambitieux & remuant,
passa auec de grandes forces le Rhin, qui seruoit de barriere à ses deuanciers ;
combatit les Romains qui tenoient la Gaule Belgique ; prit d’assaut
Cambray, Paris, Sens & Orleans, & planta sur les bords de Loire les bornes
de ses victoires. Ces fauorables succez porterent les François à quitter
leur ancienne demeure, pour establir leur fortune au plus beau païs de
l’Europe, où ils firent en peu de temps de si grands progrez, qu’ils se virent

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la porte ouuerte à l’entiere Monarchie des Gaules : Mais le mauuais
gouuernement de Childeric, suiuy d’vne reuolte generale de ses sujets,
arresta le cours de leurs armes victorieuses, ou pour mieux dire,
Dieu, qui reseruoit à leur posterité la cognoissance de sa verité leur auoit
aussi destiné la gloire d’vn si bel exploict.

 

Apres la mort de Childeric, Clouis, Prince valeureux & fortuné, conquist
la Lorraine, les Suisses, & grande partie de la Gaule Celtique, le reste
des Gaules estoit tenu par les Bourguignõs & les Vvisigoths, que l’heur
& la valeur des descendans de Clouis rangea souz la domination Françoise.
Clouis mourant, plus charge de trophees, que d’annees, laissa quatre
fils, qui diuiserent l’Estat en quatre parts, souz le tiltre de Royaumes sans
aucune reseruation d’hommage enuers l’aisné, suiuant la coustume de ce
siecle grossier, & ignorant au maniement des affaires d’Estat, coustume
qui dura iusques à la troisiesme race de nos Roys. Ainsi le Royaume de Paris
escheut à Childebert, aisné des quatre freres, celuy d’Orleans à Clodomire,
Theodoric, celuy de Metz, & celuy de Soissons à Clotaire.

Ce démembrement de la Couronne, auec le peu d’vnion qui se trouuoit
entre ces jeunes Princes, pouuoit esbranler l’Estat chancelant entre
tant d’ennemis qui l’enuironnoient de toutes parts : Mais le soin & la prudence
que chacun apporta à la conseruation de son partage, & le desir
d’en accroistre les limites, seruirent d’eschelons pour faire monter la puissance
des François presque au plus haut poinct de sa grandeur. Ce sut
alors que la Bourgongne se vid vnie à la France par la valeur de Clotaire,
& les Vvisigoths forcez d’habandonner le Languedoc & la Guyenne, se
retirerent en Espagne : Mais apres tant de victoires acquises par la vertu
des enfans de Clouis, les François descheurent fort de leur ancienne gloire,
par l’imbecilité de leurs Roys, qualifiez de nos peres du nom de Fayneans
pour leur nonchalance, Ces Princes degenerans de la vertu de
leurs ayeuls, secoüerent le soin des affaires publiques pour en laisser le
maniement absolu aux Maires du Palais, pendant qu’ils croupissoient dans
l’oysiueté & les delices de la Cour, n’ayans que la qualité de Roys, qui
leur fut ostee par leurs subjets, comme ils s’estoient volontairement despouïllez
de l’authorité Royale : Exemple aux souuerains de ne communiquer
leur puissance que bien à propos, & ne donner à leurs plaisirs le
temps qu’ils doiuent à l’expedition de leurs affaires, puis que la perfection
du regne consiste en l’action, & qu’à peine le Roy, le plus actif du
Monde, peut, en toute sa vie apprendre à regner.

Or quoy que les François gardassent inuiolablement l’amour & fidelité
qu’ils deuoient à leurs Roys, & qu’ils honorassent grandement la memoire

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de Clouis, dont ces Princes fayneans estoient yssus, Neantmoins
l’excez de tant de desordres esclos dans l’Estat par leur fetardise, alluma
dans le cœur de ce peuple genereux le desir d’vn nouueau regne, & luy
fit jetter les yeux sur Pepin, fils de Charles Martel, Prince que la fortune
s’accordant auec la vertu, éleua sur le theatre de la Royauté pour la restau
ration de cet Estat, penchant & ruineux : Changement rare & de mauuais
exemple en vn Estat Monarchique, bien qu’authorisé du consentement
general des Estats : Aussi Dieu vengea-il cet iniuste attentat sur les descendans
de Pepin, en les despoüillant par les mains de leurs propres subjets
de la plus grande partie de leurs Estats : & en fin de la Couronne comme
ils l’auoient rauie à leur Maistre.

 

Pepin ayant donc pris place au thróne Royal, restablit l’ordre, la Iustice,
& l’authorité souueraine, employa la douceur & la crainte pour contenir
ses subjets en leur deuoir, & obligea grands & petits par bien faits & courtoisies :
Cependant la fortune luy offrit vne belle occasion d’accroistre ses
limites, dont voicy les particularitez.

Les Lombards, peuples originaires d’Allemagne, depuis leur establissement
en Italie, s’estoient tellement agrandis, que les Romains commencerent
à redouter leur puissance, & penser aux moyens de les affoiblir.
Astolphe, Roy des Lombards, qui aspiroit à la souueraineté de toute l’Italie,
ayant desia conquis l’Exarchat de Rauenne, & vne partie des villes du
Duché de Rome, voyant que les Papes s’opposoient à son dessein, les trauersa
tellement, qu’il les contraignit de se mettre sur la defensiue, & mandier
pour leur seureté le secours estranger : l’obligation que Pepin auoit au
Sainct Siege, dont l’authorité estoit interuenuë à la degradation de Chilperic,
& le zele singulier que les François auoient tousiours tesmoigné enuers
la Religion, pour auoir souuentesfois combatu les infidelles, fit resoudre
le Pape Estienne à se jetter entre leurs bras : Il vint à cet effet en France
auec les plus notables de Rome, & s’estant jetté aux pieds du Roy Pepin,
& representé l’oppression à laquelle il estoit reduit, le supplia de le
deliurer de cette misere. Pepin fléchy par les prieres d’Estienne, met ses
forces sur pied, passe promptement en Italie, & contraint Astolphe de laisser
les Romains, & les autres peuples d’Italie en leurs libertez & franchises.
Comme il est de retour en France, il apprend que les Lombards exerçoient
de plus grandes violences qu’auparauant. Ceste nouuelle le faict
repasser les Alpes, où il poursuit si viuement son ennemy, qu’il le despoüille
en peu de temps de la plus grande partie de son Estat : Mais à la requeste
du Pape & des Romains, qui vouloient auoir les François pour
amis, & non pour voisins, Ille remet en son Royaume, ne retenant de toutes

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ses conquestes que Rome & l’Exarchat de Rauenne, dont il fit present
au Sainct Siege, ou par deuotion, ou par ressentiment des saueurs qu’il en
auoit receuës, reseruant toutesfois à soy & à ses successeurs le droict de
souueraineté sur icelles. Souueraineté que les Empereurs d’Allemagne
ont tousiours du depuis exercce dans Rome, ou en personne, ou par leurs
Lieutenans, plus de quatre cents ans apres Pepin.

 

Astolphe estant decedé, Didier, son successeur, recouure vne partie de
l’Exarchat, & trauaille les Romains plus rudement que son deuancier : le
Pape Adrian pressé par vn si puissant ennemy, enuoye secrettement vers
Charles, fils de Pepin, le conjure de secourir l’Eglise en si vrgente necessité,
& pour l’obliger à ce charitable office, luy donne la qualité de Patrice,
qui estoit vn degré pour monter à celle d’Empereur. Charles entreprend
ce voyage, poussé de deuotion, & du desir qu’il auoit d’employer son
courage & ses armes. Estant doncques en Italie, d’abord il sait tourner
visage à son ennemy, & l’ayant poursuiuy chaudement, le contraint de se
renfermer dans Pauie, où apres vn long siege, Charles le prend prisonnier
auec sa femme & ses enfans, restituë au Pape l’Exarchat, y adioustant
beaucoup d’autres païs, que le Sainct Siege possede encores auiourd’huy.
Tant de bien-faits dignes d’vne singuliere recognoissance, obligerent le
Pape & les Romains à rechercher toutes sortes de gratifications pour honorer
Charles, & n’en trouuant point d’autre digne de ses merites, ils luy
donnerent le pouuoir de créer les Papes, tant pour luy, que pour ses successeurs
Roys de France, quoy qu’apres la mort de l’Empereur Louis
III. ils en furent priuez par les successeurs d’Adrian, lors que les Italiens
esleurent des Empereurs de leur nation : & long-temps apres, les Princes
Allemans ayans vsurpé la Couronne Imperiale, le Pape Leon VIII. donna
ce priuilege à Othon Premier, & à ses successeurs, qu’ils perdirent par
succession de temps, les Papes l’ayant transferé au College des Cardinaux,
pour les grands differends qu’ils eurent auec les Empereurs.

Charles estant de retour en France, Leon qui auoit succedé à Adrian,
vint en personne demander Iustice des outrages que les Romains luy
auoient faits. Pour luy en faire raison, il s’achemine à Rome, & apres auoir
oüy leurs plaintes contre Leon, procede publiquement à la discution de
la cause : Mais ne se trouuant aucune preuue valable pour conuaincre l’accusé,
il se purgea par serment, suiuant les formes lors accoustumées, & par
sentence du Clergé fut renuoyé quitte & absouz, & remis en son Siege.
En consideration de ce bon office, & d’autres que Charles, & ses deuanciers
auoient rendu au Sainct Siege, Leon s’accordant au desir des Romains,
& de tous les peuples d’Italie, qui admiroient les vertus de ce Prince,

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& la valeur des François, luy mit la Couronne Imperiale sur la teste,
comme il faisoit ses prieres en l’Eglise Sainct Pierre, pendant que le peuple
accourut de toutes parts pour participer au contentement d’vne
action si celebre, crioit à haute voix, Viue Charles Empereur Auguste, couronné
de Dieu. Ceste action celebre arriua le iour de la Natiuité de Iesus-Christ,
l’an huict cens vn.

 

Aussi tost qu’il se vit si hault esleué, l’excés de ceste nouuelle grandeur
le transporta hors de soy : Et comme l’on dit, qu’Alexandre le Grand,
apres auoir conquis toute l’Asie, bannit de ses affections son propre païs,
& se rendit partisan des Perses : Ainsi Charles mit à part le soing de sa
Couronne, & employa toutes ses forces pour l’agrandissement de l’Empire :
Il commanda, par vn Edict general à ses subiets, d’obeïr aux Loix
des Empereurs Romains, & donna charge aux plus celebres Iurisconsultes
de son temps d’en dresser vn abregé ; Mais comme il vit que son peuple
ne pouuoit digerer ce changement, & mesmes qu’vn Seigneur de sa
Cour luy dist franchement, Qu’il vouloit faire de la France vne Prouince
de l’Empire, Il quitta ce dessein, & laissa viure vn chacun selon ses Loix &
Coustumes anciennes. Ce grand Prince qui auoit adiousté aux conquestes
de ses predecesseurs, l’Italie, la Saxe, la Sclauonie, & grande partie
d’Espagne, qui en vn mot seigneurioit la plus grande partie de l’Europe,
se persuada que la qualité de Roy de France n’estoit pas assez illustre, ny
assez maiestueuse pour conseruer longuement ceste grande puissance, &
contenir en crainte tant de peuples differents en Loix, & en Gouuernemens :
Et ceste consideration luy fit rechercher ce tiltre d’Empereur, souz
lequel toutes les Nations de la terre auoient esté subiettes : Mais certes, s’il
eust meurement consideré l’estat de ses affaires, & le desordre que ceste
fatale Couronne y deuoit apporter, il ne l’eust si ambicieusement recherchee
comme il fit : Car que pouuoit-il, auec ceste grandeur imaginaire,
adiouster à sa puissance, ou au respect que luy rendoient ses subiets, ou à
la crainte que les Estrangers auoient de sa valeur, ou à l’estenduë de la
Monarchie Françoise ? quel plus grand aduantage eust-il peu souhaiter
que de s’asseoir en qualité de Roy de France, au trône des Empereurs, &
commander dans la ville capitale de l’Empire, & de tout le Monde ? Ne
iugeoit-il pas que ceste dignité n’estoit qu’vn ombre sans corps, vne puissance
vague, glissante & difficile à retenir, pour auoir passé des Italiens
aux Grecs, & des Grecs aux François ? Et que tombant en main Estrangere
elle tireroit apres soy les plus belles pieces de la Couronne de France,
comme le premier mobile emporte par sa rapidité la pluspart des
Cieux. Ou bien si l’esclat d’vne telle dignité estoit plus fort que toutes ces

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considerations, il falloit luy donner vne bride pour l’arrester, Ie veux dire
qu’il falloit faire vne Loy fondamentale pour l’vnir & annexer à la Couronne,
propre ciment pour tenir toutes les pieces de ce grand edifice solidement
iointes & liées.

 

Mais comme il s’oublia grandement en cet endroit, aussi fit-il de notables
fautes au partage de ses Estats. Pepin, son aisné, estant mort ieune, il
ne luy restoit que Louis, surnommé le Debonnaire, Et Bernard, fils de ce
Pepin, qui deuoit representer son pere au droict d’aisnesse : Mais Charles
en disposa autrement ; car il donna la France, auec le tiltre d’Empereur, à
Louis, & l’Italie à Bernard, souz l’hommage de son oncle, qui se voyant
lezé par ceste preference de l’Oncle au Nepueu, & l’inegalité du partage,
se sousleua contre Louis : Mais son party estant demeuré le plus foible, il
tomba en la puissance de son oncle, qui le fit mourir, luy ayant fait creuer
les yeux auparauant. Charles fit vne seconde faute, en démembrant l’Italie
de l’Empire, dont elle estoit le principal membre, aussi les enfans de
Louis le Debonnaire, en partageant sa succession, corrigerent ceste faute :
Car ils donnerent l’Italie, & le nom d’Empereur à Lotaire, leur aisné,
bien que la France en fust separée, qui fut vne autre faute signalée : Car
puis que la Couronne Imperiale auoit esté comme antee en celle de
France, il falloit, pour faire vn estat ferme & asseuré, rendre ces deux pieces
inseparables, la Frãce & l’Italie, & les tenir souz le tiltre de l’Empire : &
puis que c’estoit la coustume de donner partage aux puisnez, il leur falloit
assigner sur quelque partie d’Alemagne, à la charge de releuer de l’aisné :
Mais ceste sorte d’appointer les Cadets souz la souueraineté de la Couronne,
n’a esté mise en vsage que souz la troisiesime race : Ce quia cause la
dissipation de ceste grande Monarchie. Quelques Historiens de ce temps
là escriuent que Louis le Debonnaire, pour obuier au debris de cet Estat,
eut dessein de le consigner entierement entre les mains de Lothaire, son
fils aisné, & de laisser aux deux puisnez quelques Prouinces en appennage :
Mais l’Imperatrice Iudith voulant agrandir Charles son fils, persuada
ledit Empereur de partager esgalement ses trois enfans : Ce qu’il fit, donnant
seulement comme par preciput, la qualité d’Empereur audit Lothaire.

Apres la mort de Lotaire, Louis son aisné, qui luy succeda à l’Empire,
estant mort en peu d’annees, & n’ayant laissé qu’vne seule fille, Charles le
Chauue, dernier fils de Louis le Debonnaire, à qui le Royaume de France,
quoy que troncqué, & démembré, estoit escheu en partage, passa en
Italie pour se faire declarer Empereur, auant que Louis, Roy de Germanie,
son frere, y peust arriuer. Et quoy que Louis fust son aisné, neant

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moins le Pape Iean, & les grands d’Italie, adiugerent l’Empire à la Couronne
de France. Charles fit tout ce qu’il peust pour conseruer ce beau tiltre
à sa posterité, ayant pour suspecte l’ambition de son frere, & l’inconstance
des Italiens. Et preuoyant qu’au premier degoust de la domination
Françoise, ils voudroient disposer de l’Empire, comme subjet à leur Eslection,
Il pratique la Noblesse Italienne, entr’autres, Guy, & Beranger,
dont il fait l’vn Duc de Spolette, & l’autre de Beneuent ; Il donne en mariage
Ermingarde, sa niepce, à Bozon, Prince valeureux, & le crée Duc
de Pauie : Il caresse, il cherit, il oblige toutes personnes de consideration,
& sur tous, le Pape Iean, l’authorité duquel luy pouuoit beaucoup seruir
pour la conseruation de son nouuel acquest, & la seureté de ses affaires par
toute l’Europe : Mais c’estoit conceuoir des montagnes pour enfanter des
souris : Car Charles estant decedé auant qu’il pût faire vn fondement solide ;
Et Louis III. son fils, surnommé le Begue, Prince peu habile au
Gouuernement de l’Estat, n’ayant regné que deux ans, & ayant laissé
l’Estat diuisé en diuerses factions ; les Princes Allemans esleuerent à l’Empire
Charles le Gros fils de Louis, Roy de Germanie : Et quelque temps
apres, souz pretexte qu’il estoit deuenu pesant, & incapable de grande
action, ils luy subrogerent, auant qu’il mourut, Arnoul, Bastard de Carloman,
son frere : Ce qu’ils firent, non tant pour son insuffisance, que pour
frustrer Charles le [1 mot ill.], fils de Louis III. vray heritier de la Couronne
Imperiale. Et de faict, apres le deceds de Louis, fils d’Arnoul, la race de
Charles le Grand ayant pris fin en Allemagne, pendant qu’elle continuoit
en la maison de France, les Allemans ne laisserent pas de creer vn
Empereur de leur Nation : Ce que les Italiens auoient desia fait apres
la mort de Charles le Gros, si bien qu’il y eut plusieurs Roys ou Empereurs
Italiens originaires, iusques au temps de l’Empereur Othon, qui
conquit l’Italie, & apporta la Couronne Imperiale en la maison de Saxe.

 

Conrad, Duc de Franconie, fut le premier de ces Empereurs estrangers,
& eut pour successeur Henry de Saxe, & les trois Othons, le dernier
desquels, pour esgarer les droicts de ceste Couronne sur l’Empire, & en
forclore nos Roys, par l’aduis du Pape Gregoire V. qui estoit de la maison
de Saxe, rendit l’Empire electif, bien qu’il fust hereditaire ; comme il se
peut verifier par la suite des Empereurs qui precederent cet Othon. Or
depuis ceste institution, les Allemans se sont maintenus en la possession de
l’Empire, & en ont interdit l’entree à nos Roys, craignans, peut-estre, d’auoir
des Empereurs trop puissans. C’est pourquoy ils ont souuent esleu des
Empereurs de maison mediocre, tels qu’estoient Raoul, Comte de Haspurg,
& Adolphe Comte de Nassau. De fraische datte, l’Empereur Maximilian

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estant mort ; & le Roy François ayant enuoyé l’Admiral Bonniue :
pour sonder l’inclination des Electeurs, l’Archeuesque de Treues parla
fort à son aduantage, & essaya de pratiquer les voix de ses Collegues : mais
l’Archeuesque de Mayence, & le Duc de Saxe, se roidirent contre ce Prelat,
soustenant que les estrangers ne pouuoient paruenir à ce degré : &
neantmoins chacun sçait que Guillaume ; Comte de Hollande, Alphonse,
Roy de Castille, & Richard, de la maison d’Angleterre, y furent autresfois
appellez : le credit de cet Archeuesque, & Duc de Saxe, preualut sur celuy
de Treues, & rendit la poursuite de François Premier inutile : ainsi Charles
d’Austriche fut declaré Empereur, quoy que les Electeurs luy eussent
donné leurs voix à contre-cœur, pour le grand pouuoir que ses predecesseurs
s’estoient acquis en Allemagne, depuis cent ans qu’ils tenoient
l’Empire, comme hereditaire en leur maison ; mais la crainte qu’ils eurent
qu’vn Roy de France, fait Empereur, reunist l’Empire à la Couronne, &
retirast ce que leurs deuanciers auoient vsurpé sur le Domaine de l’Empire,
les fit, sousmettre à la discretion d’vn Prince de leur Nation, quoy
qu’ambitieux, & enrichy de deux grandes successions, dressans par ce
moyen l’eschelle à la maison d’Austriche, pour monter à ceste Grandeur
redoutable, qui les a non seulement despouillez de leurs droicts & franchises,
mais aussi les menace d’vn second naufrage de ce peu qui leur reste
de liberté.

 

Par là, SIRE, vous pouuez voir que l’Empire vous appartient priuatiuement
à tous autres Princes, & que la Couronne Imperiale ayant esté
vnie à celle de France, du consentement des Romains, & de toute l’Italie,
de laquelle le nom d’Empire a tiré son origine, elle n’en a peu estre separée,
& moins transferée en Germanie, qui n’auoit rien de commun
uec l’Empire : & d’ailleurs, que Charles le Gros estant mort sans autres
heritiers legitimes, que Charles le Simple, son cousin issu de Germain,
Arnoul, & Louis son fils, ne pouuoient tenir l’Empire qu’à tiltre de precaire,
& iusques à la majorité de ce ieune Prince. Mais supposé qu’ils fussent
appellez à ceste dignité legitimement, la race de Charles le Grand
ayant finy en leur branche, l’Empire deuoit retourner en la branche directe
& legitime, qui duroit encore en France, au preiudice de laquelle
les Allemans, ny les Italiens, ne pouuoient rendre ceste dignité electiue,
ayant esté donnee hereditaire à Charles le Grand, & à ses successeurs
Roys de France. C’est pourquoy plusieurs de vos deuanciers, SIRE,
sçachans que les droicts des Empires & Souuerainetez, ne se peuuent prescrire
par la longueur du temps, prirent qualité d’Empereurs, entr’autres,
Philippes Premier, Louis le Gros, & Louis le Ieune, comme il se remarque

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en plusieurs chartres anciennes : Et du temps de nos peres, Charles
VIII. au voyage qu’il fit pour la conqueste de Naples, fit dresser des piloris
par les carrefours de Rome, & exercer la Iustice par ses Officiers, pour
conseruer les droicts que luy auoient acquis ses predecesseurs.

 

Ayans fait voir par quels degrez cet Estat accreut si puissamment souz
la premiere & seconde race de nos Roys, reste à deduire, selon nostre dessein,
les moyens qui le firent decliner. Les Sages ont remarque que les Monarchies
tombent en ruine, ou par l’insuffisance, & mauuaise conduite des
Souuerains, ou par l’infidelité de ses Officiers & ministres, ou par vne puissance
estrangere plus forte : Car trois choses se trouueront concurrentes
au faict que nous traittons.

Il a esté represente que Louis le Debonnaire eut trois fils, qui partagerent
l’Estat en trois Royaumes, Lothaire qui estoit l’aisné, eut le tiltre
d’Empereur, l’Italie, & la Gaule Belgique, la Prouẽce, la Suisse, la Sauoye,
le Dauphine, & la ville de Lyon ; à Louis escheut la Germanie, qui comprenoit
la Turinge, la Saxe, la Bauiere, & toutes les Prouinces qui sont au
delà du Rhin, iusques en Hongrie. Charles, surnommé le Chauue, eust
ce qui est compris à present souz la Couronne de France.

Lothaire eust trois enfans, lesquels estans morts sans hoirs masles,
Charles le Chauue partagea leur succession auec Louis de Germanie,
son frere, & eut pour son lot vne grande partie de la Gaule Belgique,
& s’appelle Lorraine, du Nom de Lothaire, l’vn des fils dudit Empereur
Lothaire : A sçauoir, ce que nous appellons le Duché, la Holande, la
Flandre, le reste qui comprenoit les pais de Luxembourg, Gueldres, Iulliers,
Cleues, Strasbourg, Cologne, & Majence, fut laissé à Louis, comme
estant à sa bien-seance. Peu de temps apres, Louis, Roy de Germanie, decedant,
laissa trois enfans, Louis, Carloman, & Charles, qui moururent
sans hoirs legitimes, & sans autre heritier que Charles le Simple, leur
Cousin yssu de germain : Mais cet Arnoul, bastard de Carloman, duquel
nous auons parle, s’empara de ceste grande succession, suiuant la
coustume obseruée souz la premiere & seconde race, qui égaloit les bastards
aux enfans legitimes, ainsi que Thierry, bastard de Clouis, partagea
auec Clotaire, Clodomire, & Childebert : Louis & Carloman, bastards
de Louis III. que les François esleuerent sur le trône Royal pendant
le bas âge de Charles le Simple. Souz la troisiesme race on s’aduisa
de corriger ceste faute, mais ce fut trop tard : Car si Arnoul n’eust
point succedé à Charles le Gros, son Oncle, tous les membres de ceste
grande Monarchie espars çà & là, se fussent reünis à la Couronne de
France, comme à leur chef.

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Apres la mort de Louis III. les François se voyans trois pupilles sur les
bras auec la guerre des Normands, appellerent l’Empereur Charles le
Gros à la Regence du Royaume souz le tiltre de Roy : Mais les vns cognoissans
la faute qu’ils auoient faite de confier la Couronne entre les
mains d’vn Prince estranger & si puissant, les autres voulans regner souz
le nom & l’authorité de ces mineurs, & faire ce que les Maires du Palais
firent aux descendans de Clouis, couronnerent Louis & Carloman pour
estre plus âgez que Charles le Simple leur frere. Et afin que Charles
le Gros ne donnait aucun empeschement à leurs desseins, ils luy laisserent
la part de la Lorraine, qui estoit escheuë à Charles le Chauue. Lascheté
& perfidie que Dieu punit en la personne de ce mauuais Tuteur, l’ayant
reduit à telle extremité qu’il n’auoit pas presque du pain. Bel exemple aux
Princes de n’empieter le bien de ceux desquels ils doiuent estre protecteurs.
Louis & Carloman estans morts, en peu de temps les Estats de
France r’appellerent Charles le Gros pour gouuerner pendant la minorité
de Charles le Simple, ce qu’il fit par l’espace de cinq ans, mais ayant
esté deposé par ces Allemands, & Arnoul ayant esté mis en sa place, les
François offrirent audit Arnoul la regence de ce Royaume, souz le tiltre
de Roy, ce qu’il refusa, à cause des irruptions des Normands qui rauagerent,
non seulement la Gaule, mais aussi l’Allemagne, ledit Arnoul retint
la Lorraine qui auoit esté laissée à Charles le Gros, & la donna à Zuende
Bold, son fils naturel, en tiltre de Royaume, puis il mourut mangé de
poulx, comme il auoit deuoré le bien d’autruy. Les François eurent derechef
recours à l’eslection, à cause du bas âge dudit Charles le Simple, &
donnerent la Couronne à Eudes, ou Hugues, Comte d’Anjou, lequel
mourut l’an sixiesme de sa Regence : à sa mort, touché d’vn remors de
conscience, il declara que l’Estat appartenoit à Charles, & qu’il n’en
auoit pris le gouuernement que pour remedier aux troubles d’iceluy, & le
garentir des mains estrangeres : Mais Robert son frere, Prince ambitieux,
ne laissa pas de quereller la Couronne contre Charles, & fut sa faction si
puissante, qu’il fut couronné à Soissons. Finalement le party le plus iuste
ayant le dessus, Robert fut tué en bataille auec ses principaux partisans.

L’Estat estoit reduit en telle extremité, que l’Allemagne, la Lorraine,
& l’Italie, estoient eclypsees, les Duchez & Comtez démembrez du Domaine,
la France diuisee en deux factions, le Roy enuironné de tous costez
de seigneurs aussi puissans que luy : Hugues, Comte de Paris, frere de
Robert, & ceux de son party, prenoient indifferemment le reuenu des
biens Ecclesia stiques, & en faisoient la guerre à Charles. Les Normans
auoient forcé Charles le Gros, pendant sa regence, à leur donner la Neustrie,

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souz l’hommage de la Couronne. Point de moyens de remedier à ces
desordres pour l’insuffisance du chef, la desobeïssance des Grands, & l’infidelité
du tiers Estat, corrompu par leur exemple ; Neantmoins Charles
pensant que toutes ces confusions procedoient de la diuersité des partis,
recherche l’amitié de Hugues son competiteur, & pour l’attirer luy offre
de grands aduãtages. (Miserable regne où le Souuerain demande la paix
à ses subjets.) Hebert, Comte de Vermandois, & beau-frere de Hugues,
informé de l’inclination du Roy à la paix, le fait venir à Perõne, ville de ses
appartenances, souz couleur de le reconcilier auec son ennemy, l’arreste
prisonnier, & le mene à Soissons, où la pluspart des Seigneurs François,
pour comble de perfidie, le contraignirent en l’assemblee des Estats, de resigner
sa Couronne entre les mains de Raoul, fils de Richard, que Charles
le Chauue auoit fait Duc de Bourgõgue. (Raoul doncques est couronné
à Soislons, & regne douze ans.) Pendant ces troubles, Louis appellé
d’Outremer, fils de Charles le Simple, demeura refugié à la Cour du Roy
d’Angleterre, son Oncle. Mais finalement les François touchez du ressentiment
de leur faute, r’appellerent le fils de celuy qu’ils auoient si indignement
traitté. A son retour, Raoul luy ayant disputé la Royauté, leur
querelle prist fin par la mort de cet vsurpateur : Ainsi Louis estant paisible,
& chery de tous ses subiets, il sembloit qu’il deust tourner ses desseins au
recouurement des droicts anciens de la Couronne, comme de faict, il fit
quelques efforts sur la Lorraine, que l’Empereur Othon auoit donnée à vn
nommé Gilbert, pour le dot de sa sœur Gerberge : Mais Gilbert estant
mort, Louis fit paix auec l’Empereur, espousa sa sœur. Et pour l’obliger
plus estroitement, luy ceda tout ce qu’il pouuoit pretendre sur la Lorraine.
Cession qui ne pouuoit preiudicier à ses successeurs, suiuant les Loix
fondamentales de ce Royaume. La crainte qu’il auoit de Hugues, Comte
de Paris, & les ligues qui se faisoient contre luy dedans & dehors le Royaume,
le contraignirent à achepter si cherement ceste alliance estrangere.

 

Or cependant il s’offrit vne tres-belle occasion de reünir l’Empire à la
France, si Louis y eust voulu entendre, c’estoit le voyage d’Italie, auquel le
Pape & les Romains l’inuitoient pour chastier l’insolence de Beranger,
qui abusant de la puissance qui luy auoit esté donnee souz le nom d’Empereur,
trauersoit les Papes, & se rendoit odieux à tout le monde par ses
actions tyranniques, mais Louis méprisa ceste occasion pour le desir qu’il
auoit, de retirer la Normandie des mains du jeune Duc Richard. Dessein
qui toutesfois luy succeda fort mal, ayant esté arresté prisonnier par ceux
qu’il vouloit despoüiller de leur seigneurie : Cependant l’Empereur

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Othon, qui n’espioit que l’heure d’vnir l’Italie à l’Allemagne, leue vne
puissante armée, auec laquelle ayant défait Beranger, il tire droict à Rome,
& là reçoit par les mains du Pape Iean la Couronne Imperiale, auec
le pouuoir de creer les Papes, comme il a esté desia remarqué.

 

Vila doncques l’Italie asseuree aux Allemans, par la nonchalance de
Louis. Voyons quels deuoirs firent ses successeurs pour recouurer la Lorraine.
Lothaire, son fils, dés le commencement de son regne, poussé à ceste
entreprise par les Estats de son Royaume, se resolut à la disputer, & pour
faciliter l’affaire, conclud la paix auec les Normands. Othon voyant les
grands apprests qui se faisoient contre luy, preuint le coup, & donna à
Charles, puisné de Lothaire, la Lorraine, à la charge de luy en faire hommage :
par ce bien-faict il vouloit desunir Charles d’auec son frere, & contenter
aucunement les François, en remettant ceste piece en la maison de
Charles le Grand d’où elle estoit sortie. Lothaire, irrité de ce qu’Othon
luy auoit preferé son Cadet, haste son voyage, & entre en Lorraine auec
de si puissantes forces, qu’en peu de jours il s’en rendit maistre, & passant
plus outre, surprend Othon auprés de la ville d’Aix, & taille en pieces tout
ce qu’il rencontra : neantmoins ce Prince mal conseillé traitta auec l’Empereur,
& rendit la Lorraine à son frere, qui en fit hommage à l’Empire,
dont les François furent si mescontans, qu’aprés la mort de Louis IV. fils
de Lothaire, decedé sans enfans, ils exclurent Charles son Oncle de sa
successiõ, & esleurent pour Roy Hugues Capet, fils de Hugues, Comte de
Paris, yssu de Charles le Grand, du costé maternel, tige de vostre Illustre
Maison, SIRE, dont les branches genereuses ont peuplé d’Empereurs
& de Roys, la Grece, la France, la Palestine, l’Isle de Cipre, la Sicile, la
Hongrie, la Nauarre, & le Portugal.

En ce changement de lignee, la France dit le dernier Adieu à ses anciennes
conquestes ; car Hugues ne pensant qu’à l’affermissement de sa
Couronne, n’entreprist rien sur ses voisins : il est vray que Robert, son fils,
fit mine de vouloir assaillir la Lorraine, mais la mesme consideration qui
auoit retenu son pere, le porta à la paix, qui fut concluë auec l’Empereur,
auec renonciation expresse aux droicts qu’il pouuoit pretendre sur la Lorraine.
Pour conseruer ce qui restoit de ceste grande Monarchie, on commença
souz ceste troisiesme race d’appanager les puisnez, à la discretion
des Roys, & à la charge de retour à la Couronne au default d’hoirs mâles.
Sage, & vtile instituiton, à laquelle nous deuons la reünion de beaucoup
de Prouinces & Seigneuries, assez inconsiderément démembrees, il
y a quatre, cinq, & six cens ans : & si nos Roys de la premiere & seconde
lignee se fussent aduisez d’inserer en l’erection des [1 mot ill.] de la Couronne,

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ceste clause si necessaire, la Flandre, la Normandie, & la Guyenne, n’eussent
seruy d’allumettes aux guerres sanglantes que nos peres ont veuës,
entre les Maisons de France, de Bourgongne, & d’Angleterre. Guerres
qui mirent les François en chemise, & rendirent ce Royaume le theatre
de toutes les horreurs & desolations, que la fureur de Mars peut produire.

 

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Baltasard, Christophle [1645], TRAITTÉ DES VSVRPATIONS DES ROYS D’ESPAGNE, SVR LA COVRONNE DE FRANCE, Depuis le Regne de Charles huictiesme. ENSEMBLE VN DISCOVRS SVR LE COMMENCEMENT, progrez, declin, & démembrement de la Monarchie Françoise, droicts, & pretentions des Roys Tres-Chrestiens sur l’Empire. AVGMENTÉ D’VN SOMMAIRE DES DROICTS de ceste Couronne, sur les Comtez de Bourgongne, Cambray, Haynault, de Genes & Luxembourg. ET LES VICTOIRES ET CONQVESTES DES ROYS LOVIS XIII. dit le IVSTE, & de LOVIS XIV. dit DIEV-DONNÉ, sur les Espagnols, & les Austrichiens, en Italie, Alsace, Flandres, Luxembourg, & Comté de Bourgongne, Catalogne & Roussillon. Par C. BALTASARD. , françaisRéférence RIM : Mx. Cote locale : D_1_6.