Anonyme [1652], LE DIOGENE FRANÇOIS, OV L’HOMME D’ESTAT A LA FRANCE SOVSPIRANTE. , françaisRéférence RIM : M0_1097. Cote locale : B_20_19.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 14 --

est déchiree en tous ses membres. Ce plat pais mangé
par des partysans, d’imposts, & de sel, Ne serons nous
iamais dessalez en deux façons ? les Prouinces seront
elles tousiours pigeonnces & reduites à tel poinct de
malheur. Rendons iustice à nous-mesmes, Seruons fidellement
le Roy. L’on n’est point blasmé d’establir sa
fortune pres de sa Maiesté, pourueu que ce soit par
recompences de bons seruices : Il faut aimer Alexandre,
non pour ses liberalitez seulement, ains pour ses
vertus, Nature & la Loy nous oblige à ce deuoir, Diogene
recognoist les bons seruiteurs, quand il void
que leur interest particulier ne marche deuant celuy
de leurs maistres.

 

Et toutesfois la venalité qui regne parmy nous : que
l’on s’enqueste tant que l’on voudra, l’on ne sçauroit
remarquer vn si salle trafic en toute l’Europe, sçauoir
si les honneurs, les Gouuernemens des Prouinces &
des places se vendent en Espagne ? ce seroit vn crime
de l’auoir seulement pensé ; En France, c’est habileté
de les maquignonner, & gloire de les emporter par
telles voyes, ce qui aliene la naturelle obligation que
le subiect doit à ses Princes en ce qu’il n’estime l’establissement
de sa fortune, que du fond de sa bource.

Recognoissons donc nostre mal, ne recullons plus à
nous monstrer hommes, il semble que la beauté du nom
Masculin soit Hermaphroduisé parmy nous, aussi ne
parle on plus masle auiourd’huy, l’on dit Souleil pour
Soleil, chouse pour chose, Coutton pour Coton tant
nos Courtisans parlent molement François, & de fait



page précédent(e)

page suivant(e)