Anonyme [1649], QVATRIESME ET SVITTE DV PREMIER DISCOVRS D’ESTAT ET DE RELIGION, A LA REYNE. , françaisRéférence RIM : M0_1106. Cote locale : C_7_39.
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elle se croira criminelle, puis que refuser un
morceau de pain aux pauures & prendre plaisir
à les uoir endurer, c’est une action que l’on
ne jugera jamais autre : & autant de peines
que uous leurs aurez fait souffrir, autant se
presenteront à uos yeux, pour uous reprocher
leur perte. Pardon, MADAME, si ie prens
tant de liberté, les miseres des pauures m’y
obligent, un milion d’ames qui souffrent m’y
contraignent, tout un peuple m’y force, la
Noblesse m’y excite, les Princes me l’ordonnent,
& enfin Dieu me le commande. Pourriez-vous
uoir, MADAME, pourriez-vous
uoir si uous estiez à nostre place, la justice de
France aux pieds d’vn Estranger, ou plustost
la pourriez-vous voir sans la relever. Pourriez-vous
dénier à la iustice de nos armes, de couurir
à la vangeance du Royaume, & de conserver
à la jeunesse de nôtre Monarque, ce
qu’on tasche de luy rauir. Est-il juste, que la
fureur triomphe tousiours de l’adresse, & le
desespoir de la vertu : & quoy que l’on masque
la Tyrannie du voille de la police, il
est neanmoins impossible que la verité & la
justice succombent sous sa rage. Pouriez-vous
refuser à la France le recouvrement de
sa premiere gloire : & ne luy pas permettre que


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