Anonyme [1649], SVITTE DES MAXIMES MORALES ET CHRESTIENNES. , françaisRéférence RIM : M0_2427. Cote locale : A_6_9.
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point proceder dans leur direction auec vne authorité
ou commandement despotique. Il n’y a que Dieu qui
puisse agir de cette sorte, de laquelle mesme il ne se sert
point, dans les actions qui regardent sa gloire & l’interest
de nostre salut. Les grands ne sont point independents,
ny impeccables pour ioüir de ce priuilege. Il faut
qu’ils consultent les loix diuines & humaines, la raison,
les dispositions, les consequences & les euenements des
choses auant que de les ordonner. Sainct Paul ne veut
pas que les Peres par trop de seuerité prouoquent les
enfans à la colere. Quand les grands ordonnent auec
trop de violence, les Sujets n’obeyssent qu’auec contrainte,
& à regret. Nous n’auons iamais veu, n’y leu
dans l’vne & l’autre Histoire, & sacrée, & prophane, de
bons succez, ny de durée, de ces dominations seueres,
& de ces obeyssances forcées. Nous voyons au contraire,
& lisons les desordres, les malheurs, & les ruynes, iusqu’à
la dissipation des Royaumes qui en sont arriuez. Et
la seule histoire de Roboam par l’ordre de la Iustice de
Dieu, deuroit faire trembler tous les Souuerains, lors
qu’il est question de mettre quelque fardeau sur les espaules
de leurs Sujets : comme elle leur apprẽd, la difference
qu’il y a, des conseils des Vieux Senateurs, & personnes
consommées dans les affaires, & de probité ; d’auec ceux
des ieunes testes & sans experience, qui ne cherchent que
l’establissement de leur fortune dans l’excez de leur ambition.
Qui en voudra sçauoir toutes les circonstances, n’a
qu’à lire le douziesme Chapitre, du troisiesme liure des
Roys, où dans le succez de l’Estat de Roboam, il apprendra
quel fust celuy d’Aduram, Surintendant de ses Finances.

 



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