Anonyme [1649], LETTRE DV CHEVALIER GEORGES DE PARIS, A MONSEIGNEVR le Prince de Condé. , françaisRéférence RIM : M0_2099. Cote locale : D_2_13.
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le pied dans leur Isle à peine de la vie, & l’on exempta pas de la rigueur
de cette Loy les exilez & les amis des Romains, & non pas
mesme ceux qui y aborderoient par la contrainte des vens, ou que
la tempeste y auroit iettez.

 

Ce Sicilien icy s’est voulu exempter du crime de sa patrie par de
plaisantes attestations, qu’il estoit d’vne race de vieille faction Angeuine,
ou Françoise, & il eut bien mieux fait de la renier comme
vne marastre qui ne luy auoit donné aucun bien, & de se dire Bourgeois
de l’Vniuers, & fils de la terre comme les Cyclopes ses compatriotes,
que d’attribuer à ses yeux ce qui s’est put faire de notable
par les habitans de Mazarini en Sicile. dont les Seigneurs & Comtes
que i’ay veus, & qui se surnomment Branciforté le desauoüent
de l’affinité qu’il a voulu faire auec eux, comme encor le deffunct
Magalotty Mareschal de camp, rué deuant la Motte, qui a nié en
ma presence qu’il fust son parent, auec tant d’auersion pour cette
proximité, qu’il disoit mesme qu’il aimeroit mieux n’estre pas son
amy, s’il falloit estre l’vn & l’autre ensemble.

Si la generosité Françoise vous empesche de consentir qu’il porte
la peine de la Barbarie de son Pays par reprezailles, comme estant
le premier que nous ayons trouué en France, n’empeschés pas qu’il
ne soit puny de ses crimes personnels, qui sont la ruine de la mesme
France, & l’intelligence qu’il a auec nostre ancien ennemy, son
Prince naturel : du moins vueillez estre son Iuge auec le Parlement,
& ne croyez pas qu’il soit plus honorable à V. A. de l’auoir protegé
contre la Iustice & contre le ressentiment general de tout le Royaume
Aymez vous mieux conseruer sa personne, que vostre honneur
& l’amour des peuples, & voulez vous qu’il eschappe auec ce
suiet de vanité, que des Princes qui ont d’autant plus de suiect de le
hayr, qu’ils ont part à l’Estat qu’il a pillé, se soient exposez pour sa
deffense.

Seront nous tousiours si mal heurex que de voir V. A. dans des
hazards continuels par ses menées. Il ne vous a fait combattre que
pour vous perdre, & ce pernicieux dessein n’aura il esté sans effect
que pour vous conseruer pour luy mesme, contre vn peuple qui
seul a prié Dieu pour vostre conseruation ; iettez les yeux sur la
Iustice de sa Requeste, considerez vostre condition, examinez
celle de l’accusé, voyez de quelles armes il est poursuiuy, & si



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