Anonyme [1649], LETTRE DV CHEVALIER GEORGES DE PARIS, A MONSEIGNEVR le Prince de Condé. , françaisRéférence RIM : M0_2099. Cote locale : D_2_13.
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de la Reine : la Maiesté ayant par mal’heur pris plus de creance
en vn homme de cette qualité qu’en tout ce qu’elle auoit au pres
d’elle de gens de bien & d’honneur, desquels on esperoit que son
gouuernement seroit aussi plain de justice qu’elle auoit tesmoigné
de zele dans vne vie priuée.

 

Depuis que sa Maiesté l’a appellé au Ministere, a on veu autre
chose que jeux que Balets, que Comedies, que Farceurs, que
Bouffons, & que traistres dans la maison du Roy ? & ne peut-on
dire que tout l’Estat a esté mordu de Tarantule C’est vne beste de
son pays dont la morsuie & le chant excitent diuerses passions :
quelques vns tient & dancent sans sujet, & les autres pleurent antiérement,
& tous quelquesfois iusques à la mort ; si elle n’est preuenuë
de celle de cet animal immonde : Il en a esté de mesme sous son
administration, & dans nostre seruitude. Pendant que toute la
Cour estoit dans les délices imaginaires par ses enchantemens, les
Prouinces gemissoient sous le joug & sous l’oppression de ses harpies,
& ces cruels Comites & ces Bourreaux de l’Estat les tenoient
dans vne captiuité plus authorisée que la puissance legitime que
les Roys donnent aux grand qui les gouuernent. Ils n’ont point
esté traitté en suiets par ces Traittans & Partisans, mais comme des
voleurs questionnez & gehennez pour d’ecouurir la cache de leurs
larcins ; enfin il ne leur restoit qu’vne ame affligée de la prison d’vn
corps qui estoit encor souuent prisonnier, & hors d’estat d’aller
chercher vne vie moins miserable hors du pays natal.

Il a rendu le nom de l’Empire des anciens peuples Francs ridicules
à tous leurs voisins, & mesprisables à la posterité, & l’on ne parlera
iamais des Vespres Siciliennes auec tant d’exageration, que de
la licence que nos Princes ont permise au dernier homme de la
plus basse populace de Sicile. Toutes les Histoires nous mettent
ce pays en horreur, nos Roys l’ont eu en abomination, & aucun
d’eux n’a perdu le desir d’expier sur cette nation perfide le sang de
ses sujets victimez dans cette terre de Linstrigons. Ce sang crie
vengeance a sa patrie par la bouche de ses enfans tourmentez par
ce Phalaris Palermitain, & vous demande l’execution de l’Arrest
de l’an 1617. Si vous ne voulez plustost luy promettre la satisfaction
qu’obtinrent les Cypriots que les Iuifs auoient mis à feu & à
sang sous l’Empire de Traian. Il fut deffendu à tout Iuif de mettre

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