Anonyme [1649], DECISION DE LA QVESTION DV TEMPS. A LA REYNE REGENTE. , françaisRéférence RIM : M0_871. Cote locale : E_1_127.
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des trois quarts, veulent auoir le reste des facultez des peuples, pour
assouuir leurs passions & leurs auarices. Naboth fist des remonstrances
au Roy : Le Parlement au Nom de tous les Sujets du Roy, en a
fait & reïteré plusieurs fois de tres-iustes & tres-importantes. Pour
forcer Naboth, à perdre la vie auec sa vigne, on inuente cruellement
qu’il a mal parle du Roy : Pour rauir la vie aux François, auec leurs
biens, on suppose malitieusement qu’ils sont rebelles. Ie ne fais point
l’application du reste de l’histoire, fasse nostre Seigneur par sa misericorde,
qu’elle soit defectueuse pour nostre regard, & quelle n’arriue
iamais.

 

Ie laisse V. M. dans ces pensées, mais entre les bras de la Croix, &
dãs les playes du Crucifié, afin de les mieux digerer, & d’en temperer
les amertumes par le meslãge de celles de cet aymable Sauueur. C’est
dans ce cœur sacré, Madame, dans ce cabinet Royal, dans cette fournaise
de charité, que ie coniure V. M. par tous les sentiments d’vne
ame Chrestienne, & par elle mesme, de considerer auec attention,
& peser auec le poids du sanctuaire, le dessein, l’esprit & la conduite,
de ce Dieu misericordieux, de ce Roy Clement, de ce Pere benin, &
debonnaire Seigneur, & d’en faire la comparaison auec les vostres.
Cependant que prosterne aux pieds de sa Croix, les larmes aux yeux,
les sanglots en la bouche, & les souspirs dans le cœur, ie ne me contenteray
pas de le suplier, mais ie le conjureray auec tous les fideles
François, par la vertu & les merites de son sang, de conseruer vostre
Majesté, dans l’éminence & l’esclat de la pieté & de la vertu, necessaires
à vne grande Princesse, qui par l’effet de deux Sacremens, porte
les tiltres glorieux, de Tres-Chrestienne & Tres-Catholique.
Qu’il luy remette par sa misericorde tous les meurtres, les vols, les
viols, les incendies & les sacrileges, qui ont esté commis sous son
authorité, & qu’elle a tollerez par vne conscience erronée, formée
par des Casuistes ignorans & malicieux. Qu’il luy donne à l’aduenir
de meilleurs conseils, plus Chrestiens & moins interessez. Qu’il couronne
sa Regence des benedictions du Ciel, & des acclamations des
peuples ; & qu’il la rende à jamais triomphante dans son amour &
dans l’histoire.

FIN.



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