Anonyme [1649], DECISION DE LA QVESTION DV TEMPS. A LA REYNE REGENTE. , françaisRéférence RIM : M0_871. Cote locale : D_2_9.
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mesme Dieu, qui voit & lit iusqu’au centre de leur cœur, est le
Souuerain incoruptible, qui prononçera l’Arrest dont il ny aura
point d’appel. Ainsi, Madame, & suiuãt la maxime, que nous
faisons nous mesme, ce que nous faisons par les mains d’autruy.
Ie le diray, mais auec larmes & le respect que ie dois à vostre Majesté.
Que c’est elle qui fait tous ses outrages, & cause tous ces
maux. C’est elle qui vole : c’est elle qui pille, qui tuë, qui meurtrit,
qui assassine, & par vne inuention du Demon, contre la Nature
& la possibilité de son sexe, qui rauit la pudeur aux femmes
& aux filles la virginité. Et parmy tous ces desordres incroyables,
il ne se trouuera pas vn pechè veniel ?

 

Hé quoy ? piller les Eglises, prophaner les choses Sainctes, faire
de la maison de Dieu, non seulemẽt vne retraite de voleurs
mais vn lieu infame pour la prostitution & le rauissemẽt de la
pudicité des Vierges Françoises, par la rage des Polonois & des
Allemans, passera pour vne action legitime ? Si les vols, les viols,
les sacrileges, les cruautez, les barbaries sont permises sous vn
pretexte de guerre, pourquoy blasmons nous les Turcs & les
Heretiques, dans les ruynes dont no9 voyons encore fumer les
vestiges ? Les Sarrasins, & les Barbares, qui tiẽnent les Chrestiens
à la chaisne, par l’auersion quils ont à nostre Religion &
au Sauueur que nous adorons, les traitent ils auec la seuerité
pour ne dire la cruauté, auec laquelle vostre Majesté soufre que
l’on traite les Sujects du Roy & les enfans de Iesus-Christ, tous
nuds dans les plus aspres rigueurs de l’Hyuer, à Saint Germain
dans vn tripot ; ou au bois de Vincenne dans vne caue ou trois
cens sans paille, n’ont autre chaleur que celle de la puãteur des
excremẽs, que la nature les contraint de se faire l’vn sur l’autre
Sont-ce les loix de la guerre, mesme entre les plus ba bares ? Et
tout cela est Chrestien ? Et tout cela d’vne Princesse qui entend
tous les iours la Messe, qui Communie souuent, qui frequente le
Sacrement de Penitence, & qui n’en est point touchée & ne s’en
confessent point, parce qu’on là asseurée quil ny auoit point de
peché mesme veniel ? Et si l’on rẽdra compte à Dieu d’vne parole
oiseuse, & de laquelle personne n’est offencè sera on canonizé
pour auoir versé le sang des innocens ? I. C. recompensera il de sa
gloire au dernier iour, ceux qui aurõt fait perir par le fer, par le
feu & par la faim, les enfans qu’il à enfantez en la Croix, dans



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