Anonyme [1649], DECISION DE LA QVESTION DV TEMPS. A LA REYNE REGENTE. , françaisRéférence RIM : M0_871. Cote locale : D_2_9.
Page précédent(e)

Page suivant(e)

-- 11 --

Calices, & au Ciboire où repose le corps de Iesus-Christ ; sans
parler des autres prophanations insolences, & sacrileges, qui y
ont esté commises ? Et puis l’on dira que cela est juste, Et puis
l’on asseurera vostre Majesté, qu’il ny à point matiere de peché
veniel ! Va flateuse, mais sacrilege & abominable Theologie !
Allez esprits de tenebres, instrumens d’Enfer, demõs deguisez,
Athèes execrables. Si l’on va au Ciel par cette voye quel chemin
faut-il tenir pour aller en Enfer ? Si l’on opere son salut parmy
les vols, les meurtres, les viols, les rauages, les sacrileges,
quelles actiõs faut-il faire pour fabriquer sa torture, & trauailler
à sa damnation ? Si c’est la conduite qu’il faut tenir, pour viure
auec les Anges & les Bien-heureux ; Enseignez-nous celle,
qui rend les hommes compagnons des Diables, affin que nous
taschions de l’éuiter.

 

Mais il semble, Madame, que ie voy vostre Majesté rougir, &
d’vn mouuemẽt de colere, respondre, qu’elle ne participe point
à tous ces crimes, ausquels elle ne voudroir pas mesme penser :
qu’elle ne les à point commandez, au contraire, qu’elle les improuue,
& les deteste. Ie ne doute point quil ne soit ainsi ; mais
mon souhait seroit, que cette excuse quoy que veritable, fut legitime
deuant Dieu, pour le repos & la dècharge de vostre consciẽce.
Oüy, Ma fame, Et plust a Dieu, que ce fust assez pour satisfaire
à cette suprème Iustice, deuant laquelle les Roys ne sont
pas plus fauorablement traittez que les autres hommes.

Mais vostre Majesté est mieux instruite que cela, elle sçait trop
bien, & ses directeurs ne peuuent pas dire le contraire, que les
fautes des seruiteurs sont imputées au Maistre, lors quil les peut
coriger, quil le doit & ne le fait pas. Qu’Eli dans l’Escriture mou
rut mal heureusemẽt pour auoir tolerè les crimes de ses enfans.
Que les loix diuines & humaines, punissent les Capitaines, pour
les outrages causez par leurs Soldats, encore quils ne soient pas
commis en leur presence, quils les deffendent, & quils en ayent
du dèplaisir. Que les Princes sont responsables, de toutes les fautes
de ceux qui agissent sous leur conduite. Et encore quils n ayent
point de Superieut, de la Iustice duquel ilz releuẽt, & dont
ilz aprehendẽt les chastimens, leur condition en cela en est d au
tant plus dangereuse, plus à craindre & plus à plaindre quils ont
pour Iuge de leurs actions celuy qui en est le tesmoin. Que le

Page précédent(e)

Page suivant(e)


Anonyme [1649], DECISION DE LA QVESTION DV TEMPS. A LA REYNE REGENTE. , françaisRéférence RIM : M0_871. Cote locale : D_2_9.