Renaudot, Théophraste [?] [1649], LA DEPLORABLE MORT DE CHARLES I, ROY DE LA GRAND’BRETAGNE. , françaisRéférence RIM : M0_1005. Cote locale : A_1_23.
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ce qui causera la perte de leur religion, & enfin celle
de l’Estat par l’invasion des estrangers.

 

Qu’ils se souvinssent qu’en l’an 1647 l’vnion des deux nations
Escossoise & Angloise ne fut faite que pour r’establir leur
religion contre ceux qui vouloyent en troubler l’éxercice & y
innover, comme aussi pour maintenir le gouvernement Royal,
& que les deux Chambres promirent solemnellement à Sa Majesté
Britanique & à ses enfans tout respect & seureté, & qu’elles,
ni leur postérité, ne seroyent jamais troublées & ne recevroyent
aucun préjudice ni violence aux droits de succéder à ses Estats.

Dequoy les Escossois non encor contans, firent vne secõde Déclaration
du prémier Février dernier dans laquelle ils ajoustent
qu’ils s’estonnent de ce qu’ils ont entrepris de donner pouvoir
à certaines personnes d’entr’eux & de leur armée, de faire le procez
à Sa Majesté Britanique, par l’ordre desquels il avoit esté
conduit le Samedy précédent par devant eux, ce qui les obligeoit
à leur déclarer au nom & du consentemént vnanime des
Estats d’Escosse qu’encor qu’ils ne fussent satisfaits des responses
de Sadite Majesté dans le dernier traité de l’Isle de Vvigt, neantmoins
ils desavoüoyent les dernieres procédures tenues contre
elle, & protestoyent que ce leur seroit vne grande affliction
en leurs cœurs s’ils voyoyent que la confiance qu’ils ont euë aux
Estats d’Angleterre en leur livrant la personne de Sadite Majesté,
servist à sa ruine : Ce qui seroit entierement opposé aux intentions
des Escossois & aux sermens publics tant de fois répétez
par lesdits Estats d’Angleterre, comme ils détestoyent
leur horrible attentat à la vie de leur Prince, protestoyent de leur
innocence de ce crime, & d’estre exempts des malheurs qui arriveront
ensuite sur ses misérables Estats.

La violence des torrents s’accroist par les obstacles : ces remonstrances
ne sont pas seulement invtiles, cõme le furent celles
des Ambassadeurs & Agens des Estats voisins, elles augmentérent
leur fiel contre l’innocence de ce Prince. Avec des
Iuges ainsi choisis qui estoyent ses parties, il ne se faut pas
ébahir de l’injustice qui lui fut renduë. Leur procédure
commança par vn jugement portant que ce pauvre Prince
seroit transporté au chasteau de Vvindsor à vingt milles de
Londres, au lieu qu’il en estoit esloigné de soixante. Ils
confirmérent ensuite tout ce qui estoit contenu dans les Requestes
& Déclarations présentées par l’armée, c’est à dire par
eux mesmes, invitérent à son de trompe par vn Hérauld assisté



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