Morgues, Mathieu de [1643], LES DEVX FACES DE LA VIE ET DE LA MORT DE MARIE DE MEDICIS ROYNE DE FRANCE VEFVE DE HENRY IV. MERE DE LOVYS XIII. ROYS TRES-CHRESTIENS. DISCOVRS FVNEBRE. Par Messire MATTHIEV DE MOVRGVES Sr. de Sainct Germain, Docteur en Theologie, premier Aumosnier & Predicateur de ladite DAME ROYNE; Predicateur du ROY CATHOLIQVE, & Preuost de Harlebeke en Flandres. DEDIÉ A LA ROYNE CATHOLIQVE. , français, latinRéférence RIM : Mx. Cote locale : D_1_3.
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que tout ce que cette pauure Princesse faisoit pour
auancer son restablissement le reculoit. La temerité
de son Ministre ne faisoit autre chose que de fournir
à son ennemy matiere pour entretenir le Roy aux
despens de sa Mere. Ie ne pretends point icy blasmer
ce grand Prince, qui a esté trompé auec trop
grand estude ; ie veux croire qu’il n’a iamais sçeu tous
les mauuais traittemens qui ont esté faits à sa Mere.
Ce qui me sembloit plus horible est, qu’on luy retint
sa dot & son douaire sans confiscation ny condamnation ;
& que le seul crime qu’on luy imposa, lors
qu’elle sortit de France, fut la mauuaise intelligence
auec celuy, qui s’estoit estimé heureux de porter la
qualité de son seruiteur, & de luy presenter ses heures
à la Messe. Il ne se contentoit pas de l’auoir priuée
de l’authorité, de laquelle il auoit tiré la sienne, & de
l’auoir renduë pauure, ayant esté enrichy par elle,
mais il luy enuoyoit en Flandre des iniures & des
calomnies dans plusieurs liurets infames, qui augmentoient
l’ingratitude de celuy, qui pensoit la
diminuer en deshonnorant sa bienfactrice. Il faisoit
voir aussi son imprudence, lors que par des grands
desguisemens de verité il attiroit celle qu’il ne
pouuoit souffrir. Ce que ie deplore par dessus toutes
les persecutions qu’on luy a fait, est qu’apres auoir
esté sept ans dans le Païs-bas honnoree parfaictement,
& assistee d’vn million d’or par le Roy Catholique,


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