Louis (XIV), De Guénégaud [signé] [1649], LETTRE DV ROY AVX GOVVERNEVRS DES PROVINCES: Sur ce qui s’est passé avec les Députez venus de Paris le 25 Février 1649. Et les responses faites ausdits Députez. , françaisRéférence RIM : M0_2141. Cote locale : A_1_18.
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Moine, & sçavoir mes intentions sur ce qu’on auroit à faire à son égard.
I’aurois à la vérité eu de puissantes considératiõs de ne pas admettre vne
seconde fois lesdits Députez à ma presence, apres ce nouvel attentat sur
mon authorité, & cet acte de souveraineté que leur Compagnie venoit
d’exercer en recevant le Ministre d’vn Prince estranger ennemi de l’Estat,
ayant mesme tousjours refusé d’écouter ceux que j’avois ci-devant envoyé
lui porter mes ordres, mais les mesmes raisons que j’ay dit ci-dessus
ayans encor fait la mesme force sur mon esprit, j’ay choisi plustost le
parti qui pouvoit me faire blasmer de trop de facilité, que celui qui pouvoit
en apar?ce dõner quelque prétexte de me taxer de dureté, si je n’eusse
pas de nouveau t?du les bras à des gens qui sembloyent vouloir revenir
à eux, & se remettre en leur devoir. Et quoy qu’ils ne m’ayent pas apporté
les effets que j’attendois des soumissions & de l’obeyssance que les
premiers Deputez m’avoyent protestée, de la part de ladite Compagnie ;
ie n’ay pas laissé de leur ouvrir de nouveau vn chemin tres-facile à leur
bon-heur, & de leur donner autant de preuves de bonne volonté que je
l’ay pû, sans manquer à ce que je dois à moy-mesme & à mon Estat, ainsi
que vous remarquerez dans la responce que ie leur ay fait bailler par
escrit. Vous y verrez aussi les artifices, dont les ennemis de cette Couronne
se servent, pour fomenter ces divisions, & allumer vn plus grand feu
dans mon Royaume ; Mais j’espére en l’aide de Dieu qui voit le fonds de
mon cœur pour le bien public, & pour celuy de tous mes sujets, qu’il fera
bien tost avorter à leur confusion tous leurs pernicieux desseins. C’est dequoy
j’ay voulu vous donner avis aussi-tost par cette Lettre que je vous
escris, de l’avis de la Reine Régente Madame ma Mere, afin de vous informer
de ce qui se passe, & que vous en puissiez faire part à tous mes
sujets, qui reconnoistront sans doute l’amour veritable que i’ay pour eux
dans les facilitez que j’apporte de ma part, au restablissement du calme,
lors mesme qu’on me donne plus de sujet d’en vser autrement. Sur ce, je
prie Dieu vous avoir, Mon cousin, en sa saincte & digne garde. Escrit à
S. Germain en Laye, le 26 Février 1649. Signé, LOVIS, Et plus bas,
DE GVENEGAVD.

 

Apres que le Chef de la députation eut fait sa harangue, la Reine lui respond it.

Il eust esté bon pour vostre honneur, que l’avis de ceux qui ont opiné
à ne recevoir pas l’Envoyé de l’Archiduc, eust prévalu. Le Chancelier estant
malade, je vous envoyeray ma response par escrit, par vn des Secretaires
d’Estat. Cependant je veux bien vous asseurer sincerement que
j’ay pour le moins autant d’envie de vous obliger, que vous de l’estre :
pourveu que ie le puisse faire sans blesser l’authorité du Roy qui est entre
mes mains.



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