La Mère de Dieu, Pierre de (dit Bertius, Abraham) [1647], LES VERTVS ROYALES D’VN IEVNE PRINCE. , français, latinRéférence RIM : Mx. Cote locale : B_1_1.
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à faire des largesses, sans considerer le temps, la
saison, les circonstances, l’vtilité publique, & le
fonds de leur Domaine, tellement que la profusion
passe chés eus pour Liberalité, & craignans
d’estre tenus pour auares, ils se rendent prodigues.
Alfonse Roy de Castille fut surnommé la main
percée, pour ses excessiues depenses.

 

Mariana.
lib. 9. cap. 8.

De quoy sert vn si grand nombre de bouches
inutiles, que les ieunes Princes nourrissent ordinairement
en la Cour ? A quoy bon tant d’Officiers
surnumeraires, & tant de Domestiques, qui
tirent des gages, sans rendre aucun seruice ? iamais
la Royale Liberalité n’enseigne à depenser mal à
propos, les deniers de la Couronne : elle n’approuue
pas qu’on abisme dans le port, des Nauires
chargées de richesses, comme fit Heliogabale.
Ce n’est point vertu d’employer chaque
année, des millions, à entretenir le luxe des habits,
à faire bastir de nouueaux edifices, pour loger superbement
les hibous, & les chahuans ; ou à
nourrir inutilement des cheuaux dans les escuyries,
de la substance des peuples. Ce n’est pas
encore vn acte de Liberalité, de donner à vn particulier,
à vn mignon, ou à vn fauori, les Finances
destinées au seruice du public, & incommoder
tout vn Royaume, pour enrichir cinq ou six
familles, qui se pourroient contenter d’vne assés
mediocre fortune, & n’abuser point de l’affection
des Monarques.

Despenses
superfluës
des ieunes
Princes.

Lampridius.



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