La Mère de Dieu, Pierre de (dit Bertius, Abraham) [1647], LES VERTVS ROYALES D’VN IEVNE PRINCE. , français, latinRéférence RIM : Mx. Cote locale : B_1_1.
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Mais que dirons nous de certaines harpies, &
sangsuës, qui iamais ne sont cõtentes, ny satisfaites ?
ie parle des Courtisannes, qui par leurs charmes
enchantent les ieunes Princes, & font entendre
que la profusion leur est honorable, &
que la prodigalité est vne vraye Liberalité : estans
maistresses des volontés Souueraines, elles se
ioüent au Roy dépouillé, & épuisent en peu de
iours, les thresors de Cresus, pour les employer
en des pendans-d’oreille, d’vn prix inestimable,
en des colliers de perles de sept ou huit cent mille
écus, ou en des brasselets, dont la valeur suffiroit
pour nourrir vne grosse Armée : Il faut estre aueugle,
pour ne point découurir ce vice de prodigalité,
les histoires rendent vn assés bon témoignage
de la profusion des ieunes Princes, qui se sont
laissé commander par l’amour des Courtisans :
iamais Prince amoureux n’a esté bon œconome,
il presentera à vne baladine, la moitié de
son Royaume, comme fit Herode, il mettra son
Sceptre, & sa Couronne à ses pieds, comme Alexandre
à son mignon ; il épuisera ses finances,
pour enrichir l’vnique obiect de ses pensées, qu’il
prefere à toute sa Monarchie.

Les Courtizannes
sont les
harpies des
ieunes
Princes.

Afin qu’vn Prince reconnoisse sa profusion, il
doit regarder, si sa dépense n’excede pas notablement
sa recepte, s’ils n’engage point son Domaine,
pour faire des superfluités, s’il ne dégarnit
point mal à propos ses coffres, en sorte qu’il n’auroit

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La Mère de Dieu, Pierre de (dit Bertius, Abraham) [1647], LES VERTVS ROYALES D’VN IEVNE PRINCE. , français, latinRéférence RIM : Mx. Cote locale : B_1_1.