La Mothe-Houdancourt (Henri de) [?] [1649], SECOND FACTVM, OV DEFENSES DE MESSIRE PHILIPPES DE LA MOTHE-HOVDANCOVRT DVC DE CARDONNE, & Mareschal de France, CY-DEVANT VICE-ROY ET CAPITAINE General en Catalogne. Auec plusieurs Requestes, Arrests, & autres Actes sur ce interuenus, tant au Conseil, qu’ailleurs. , français, italienRéférence RIM : M0_2849. Cote locale : A_4_5.
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ON peut conclure ce discours par les mesmes paroles
dont se seruit autresfois le Duc d’Ossone dans sa disgrace ;
apres auoir representé en vn pareil Factum à Sa Majesté
Catholique tous les seruices qu’il luy auoit rendu dans
la paix & la guerre: Y seria ssumma infelicidad, que los calumniadores
preualeciessen a las demostrations actuales y verdaderas de tantos
meritos.

Ses seruices sont les armes auec lesquelles il espere desarmer
le courroux de Sa Majesté contre luy. Il est muet en prison par
respect qu’il doit à Sa Mejesté, & employe la voix du feu Roy
qui est eloquente en sa cause, & se fait assez entendre pour
luy à son Fils, par les seules Prouisions de Mareschal de France
qu’il luy a donné. Il a quelque sujet de dire & de s’expliquer
les mesmes propos de Iob à Dieu. Qui suis-je moy, pour pouuoir
respondre au Roy, & entrer en dispute par mes paroles auec luy ? que
quand mesme i’aurois quelque chose de iuste à alleguer pour ma defense
ie ne respondrois pas, mais i’aurois recours aux prieres. Quantus
ergo ego sum ego, vt respondeam ei, & loquar verbis meis cum eo ?
Qui etiam si habuero quidpiam iustum, non respondebo, sed meum Iudicem
deprecabor. Iob 9.

Au conseil qu’on luy donneroit de parler pour se iustifier de
quelque soixante & dix mille liures qu’on luy impute auoir diuerty
à Sa Majesté, en produisant pour sa descharge les ordres
du feu Roy, & en outre les actes & acquïts autentiques qu’il a
de l’employ de ces deniers, lesquels dans le cours ordinaire de
la Iustice destruisent euidemment l’accusation pendante au
Parlement de Grenoble, & qui irrite Sa Majesté contre luy,
na-il pas raison d’opposer & de craindre les mesmes rencontres
de Iob, bien qu’auec differens sujets ? Si ie me veux iustifier,
ma bouche me condamnera, si ie me veux monstrer innocent, elle me
rendra coulpable. C’est à dire, que les cœurs des Roys, qui sont
les Images de Dieu, s’attendrissent par respects, & ne se fleschissent
pas par resistance. & qu’vn silence auec eux est moins
dangereux dans la disgrace, que la plus iuste contradiction.
Si iustificare me voluero, os meum me condemnabit, si innocentem
ostendere, me prauum comprobabit. Iob 9. Il n’a pas affaire à vn
homme semblable à luy pour démesler sa cause, & luy respondre ;



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