Anonyme [1652], OBSERVATIONS SVR QVELQVES LETTRES ECRITES AV CARDINAL MAZARIN, ET PAR LE CARDINAL MAZARIN. , françaisRéférence RIM : M0_2572. Cote locale : C_12_35a.
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fait preferer cette condition, & cette forme de
vie à tout l’éclat, qui accompagne ordinairement
celle que ie venois de quitter, pourueu
que i’eusse pu auoir au moins par mes mal-heurs,
la principale part au bon heur de cette Couronne ;
& plus ie me sentois innocent, plus ie me serois
alors estimé glorieux de seruir ainsi de victime
à l’Estat, & de calmer par mon sacrifice toutes
les tempestes, dont il pouuoit estre battu.

 

C’est par cette seule raison, SIRE, que i’ay
souffert auec constance pendant plus de dix
mois, de voir déchirer en toutes façons ma reputation,
d’estre priué de tous les biens qui
m’appartiennent par la liberalité de vos Majestez,
& que i’auois destinez au payement des
grandes debtes, que i’ay contractées pour le soustien
de vos affaires, & de vostre seruice, en des
occasions pressantes que l’épuisement de ses finances,
& les longueurs des formalitez eussent
laissé ou fait deperir : i’ay souffert auec patience
d’estre appellé voleur, & pirate, perturbateur du
repos public, ennemy de l’Estat, le fleau de la
Chrestienté pour auoir trauersé l’establissement
de son repos, de me voir errant dans le monde,
sans retraite ny azile asseuré, auec vne famille à
qui l’aage n’a pas permis encore de pouuoir estre
autre qu’innocente, & enfin de voir ma vie continuellement
exposée à diuers perils, sans que
i’en aye seulement murmuré, l’amour que i’ay



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