Anonyme [1649], LOVANGE DE LA GENEROSITÉ DES PARISIENS, PENDANT LE SIEGE DE LEVR VILLE. , françaisRéférence RIM : M0_2326. Cote locale : A_5_51.
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pour la loüange du peuple. Certes lors qu’vn homme
a fait des actions heroïques, il ne faut pas seulement
loüer cette haute region de l’ame, qui est le siege
du raisonnement, & de la conduite, les parties du
corps ou resident la force & la diligence ont part à
cette gloire, & ce seroit en vain que la teste formeroit
des projets illustres, si les bras, & les iambes luy refusoient
leur execution.

 

La prouidence de Dieu paroist visiblement dans
l’œconomie de toute la nature, elle s’estend iusqu’aux
choses les plus basses, & les plus indifferentes ; mais
certes il faut aduoüer qu’elle éclatte si auantageusement
dans le Siege de Paris, qu’elle se fait voir aux
y eux les plus malades, & croire aux ames les plus opiniastres.
Quand les Perturbateurs de la tranquillité
publique leuerent le masque, & qu’ils firent éclorre
le detestable dessein d’affamer les Parisiens, se seroient-ils
iamais persuadez qu’ils deussent resister à
vn blocus de deux mois, & depuis le sixiesme Ianuier
faire bonne chere au delà de la my-caresme, où l’on
conte le 15. Mars.

Ils sçauoient l’assiette de Paris, & sa façon de subsister,
dont ils se promettoient vne conqueste plus
facile que d’vn meschant Bourg : En effet la multitude
infinie de ses habitans loin d’épouuanter le petit
nombre des ennemis, les asseuroit, & les mauuais politiques
s’imaginoient desia de les voir la corde au col
leur aller demander vn morceau de pain, ils iugeoient
nostre foiblesse par nostre force, ils disoient qu’à la
verité nous auions quantité de bras, mais que nous



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