Anonyme [1649], LES VRAYS MOYENS DE FAIRE LA PAIX: OV, ADVIS AVX BONS FRANCOIS, SVR LES AFFAIRES PRESENTES. , françaisRéférence RIM : M0_4078. Cote locale : A_5_93.
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Paix pour l’Espagne, qui craignoit que le mauuais succez du
combat n’entraisnast auec soy l’entiere perte de l’Italie.

 

O Peuple ! n’escoute donc point ceux qui te disent que celuy
qui a donné vne fois la paix à l’Europe, ne peut auoir dessein
de la troubler ; ne te laisse point non plus persuader, que
quand il faudroit reformer le desordre du Royaume, & l’administration
d’vn Fauory, on deuroit remettre à vn autre temps,
& qu’il ne faut pas purger le malade quand le mal est en sa crise.
Il y a dix ans que les mesmes Empyriques qui nous traittent, &
ne font que paslier nos maux au lieu de les guerir, se seruent du
pretexte de la Guerre, quoy qu’ils ayent coniuré entr’eux de ne
faire iamais la Paix ; Ne sçait-on pas qu’ils n’ont point voulu
pacifier les troubles de la Chrestienté quand ils l’ont peu, &
que le sang de tant de Chrestiens versé par les mains Ottomanes,
le demandoient au Ciel & à la Terre. Quelle plus grande
vtilité aux Princes Chrestiens, que celle de transferer leurs armes
de leurs propres entrailles contre le Turc ? Quelle plus
grande gloire à vn Ministre de la France, & à vn Ministre Cardinal,
que d’estre l’Arbitre de tous les Potentats de l’Europe en
vn si auguste dessein ? Quel triomphe à la Regence de la Reyne,
à qui cét ingrat Ministre est tant obligé, que d’estre la Reconciliatrice
de la France & de l’Espagne, & d’auoir si chrestiennement
donné le repos à son frere & à son fils. C’est donc vne
abomination sans exemple que celle de ces horribles sang-suës
du peuple, qui pour ne rendre iamais compte de leurs concussions
& de leurs brigandages, font publier par leurs confidents
dans les plus illustres Assemblées, que la Guerre est vn temps
mal propre à reformer les Estats ; Eux qui ont horreur de la
Paix, quelque seure, vtile, & honorable qu’elle soit, aussi tost
qu’elle se presente. Deliurons deliurons la France du scandale
public qui la deshonore ; Reparons hautement l’iniure qu’elle
s’est faite à elle mesme, d’auoir souffert si long temps vn si lâche,
si ignorant, & si barbare Ministre ; Purgeons la Religion & l’Estat
de ce qui doit raisonnablement faire horreur à l’vn & à l’autre.
Quand ce Monstre sera exterminé par la Iustice du Parlement ;
Quand cét Auguste Senat, qui a desia fulminé l’Arrest,
l’aura publiquement fait executer, nous pourrons iouyr du repos
que tout le monde souhaitte, & rendre graces au Ciel sans
auoir plus aucune crainte de ce qu’il nous aura deliuré. Par ce



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