Anonyme [1649], LES VRAYS MOYENS DE FAIRE LA PAIX: OV, ADVIS AVX BONS FRANCOIS, SVR LES AFFAIRES PRESENTES. , françaisRéférence RIM : M0_4078. Cote locale : A_5_93.
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moyen cét Illustre Corps fera voir qu’il n’est point de la lâche
conspiration de ces infames, lesquels abusans du caractere de
la Iustice, ont voulu si honteusement trahir les interests de leur
Patrie, & abandonner leur propre cause.

 

La Reyne mesme qu’on a creu nous estre contraire iusques
icy, si-tost que le charme sera rompu, en remerciera le Ciel la
premiere : car on ne peut croire autre chose de sa bonté, laquelle
aprés la mort du feu Roy, ayant pardonné à des ames
ambitieuses qui auoient affecté la couche Royalle, & protegé
l’honneur & la dignité de ceux qui l’estoient venu executer iusques
dans le Temple de Dieu, les Autels n’ayans point pour
eux de priuilege. Cette Reyne, dis-ie, ne doit pas s’offenser
contre vn Peuple soûmis, qui n’a pris les armes que pour s’empescher
de mourir de faim ; pour repousser la violence & l’infamie
qui eussent deshonoré lours familles, & sauuer leurs femmes
& leurs enfans. Cette Princesse qui a fait plus que le
Christianisme ne demande, éleuant aux principales charges
ses Ennemis, a qui c’estoit desia trop que de pardonner, puis
que ceste pitié la rendoit cruelle enuers son peuple, ne gardera
pas long-temps son indignation contre des Iuges equitables,
qui n’agissent que par Remonstrances ; & qui ne luy demandent
qu’vne seule grace, c’est de leur permettre de s’opposer à
des Prodiges, qui veulent en desolant la France ruiner vn
Royaume que Louys le Iuste en mourant a confié à sa garde, &
qui est l’heritage de ses enfans.

Car il faut dire à la gloire de la fidelité de Paris, & que toute
l’Europe l’entende. Si cette Ville, à qui on a fait connoistre
ses forces, & qui peut mettre trois cents mille hommes sous les
armes, n’eut voulu se tenir simplement sur la defensiue, on eut
veu dés la pointe du iour qui suiuit l’effroyable nuict où l’on
enleua son ieune Monarque, des Chefs genereux à la teste de
tout le Peuple, qui eussent esté auec cent mille Soldais redemander
leur Roy à son Rauisseur, pour ne point parler de ce
qu’on a peu faire depuis durant les autres expeditions militaires,
où les Generaux du bon party pouuoient faire du costé de
S. Germain vne puissante diuersion, lors que le mauuais Ministre
n’auoit plus de Bouclier pour le defendre.

FIN.

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Anonyme [1649], LES VRAYS MOYENS DE FAIRE LA PAIX: OV, ADVIS AVX BONS FRANCOIS, SVR LES AFFAIRES PRESENTES. , françaisRéférence RIM : M0_4078. Cote locale : A_5_93.