Anonyme [1649], APOLOGIE CVRIEVSE POVR LES IVSTES PROCEDVRES DV PARLEMENT DE PARIS Iusques au iour de la Conference. Et pour seruir de suppléement aux Motifs veritables. , françaisRéférence RIM : M0_99. Cote locale : A_2_1.
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cét excessiuement bon traitement, & tel qu’on n’y pouuoit rien
adiouster, peut-il assouuir cét homme auare & ambitieux, & l’empescher
d’auoir l’œil ailleurs ? Rien de cela, mais tout le contraire.

 

Nous auons veu cela en la personne de Iules Mazarin, depuis
qu’il a esté appellé en France, par le feu Cardinal de Richelieu,
extraict de vil & bas lieu. Lequel par la bonté de la Reyne Regente,
dont il a si fort abusé, ne s’est pas si tost veu eleué à la dignité
de Ministre d’Estat, qu’il a voulu disposer absolument : Non seulement
des plus grandes affaires, mais encores de celle de la
Guerre, & des Finances, ayant rencontré ce qu’il desiroit sçauoir
des hommes accoustumez à voler & ruïner le peuple, & profiter,
non seulement des deniers du Roy, mais de toute la France, sous
pretexte de faire subsister la guerre, & entretenir les armées,
pour plus librement assouuir leur auarice, auec lesquels il a tellement
espuisé toute la substance des peuples que l’on ne void par les
Villes, & les Prouinces que misere, desolation, & ruyne, plus
grandes que si la guerre eust esté allumée au milieu, & aux quatres
coins du Royaume.

Mais son ambition a bien passé plus auant : car ne se contentant
point du gouuernement absolu de tout l’Estat ; d’estre logé prés le
Palais Royal, a fin que la mesme Garde de sa Majesté, fut celle de
son Palais, & d’auoir vne porte au derriere du Iardin, pour passer à
toutes heures ; & à couuert de sa maison en celle du Roy, il voulut
estre logé dans le mesme Palais Royal, pretextant cette sienne ambition
excessiue, de la charge qu’il se fit donner par la Reyne de
Surintendant conuerneur de la persõne du Roy, pour auoir moyen
de disposer absolument des volontez de leurs Maiestez, comme il
fait : Et qui conferre, & oste toutes les charges de la guerre, & de
l’Estat, ainsi qu’il luy plaist, pour y substituer des Italiens, & des
personnes qui caballent auec luy : & pour ce qui concerne les dignitez,
& les benefices Ecclesiastiques de la France, il les distribuë
à ses confidens, & retient les meilleurs, & les plus riches
Abbayes pour luy, obligeant ceux qui les possedent par merite
de s’en demettre, afin de ne ressentir les effets de sa disgrace, &
de la vengeance ordinaire d’vn cœur ambitieux. Il fait le mesme
des Officiers des Maisons du Roy, & de la Reine, qu’il change,



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