Baltasard, Christophle [1645], TRAITTÉ DES VSVRPATIONS DES ROYS D’ESPAGNE, SVR LA COVRONNE DE FRANCE, Depuis le Regne de Charles huictiesme. ENSEMBLE VN DISCOVRS SVR LE COMMENCEMENT, progrez, declin, & démembrement de la Monarchie Françoise, droicts, & pretentions des Roys Tres-Chrestiens sur l’Empire. AVGMENTÉ D’VN SOMMAIRE DES DROICTS de ceste Couronne, sur les Comtez de Bourgongne, Cambray, Haynault, de Genes & Luxembourg. ET LES VICTOIRES ET CONQVESTES DES ROYS LOVIS XIII. dit le IVSTE, & de LOVIS XIV. dit DIEV-DONNÉ, sur les Espagnols, & les Austrichiens, en Italie, Alsace, Flandres, Luxembourg, & Comté de Bourgongne, Catalogne & Roussillon. Par C. BALTASARD. , françaisRéférence RIM : Mx. Cote locale : D_1_6.
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bien inferieure à celle de Thionuille, la fit resoudre de n’attendre l’extremité,
mais d’accepter vne honneste composition : ce qu’elle fit.

 

L’annee precedente, le Mareschal de Guebriant ayant esté tué deuant
Rotvvil qu’il assiegeoit, & que les siens prirent, les Imperiaux & Bauarois
croyans profiter de la mort de ce grand Capitaine, & croyoient auoir bon
marché de l’armee du Roy, qu’ils assaillirent auec quelque auantage, non
pourtant tel, qu’il ne restast tout le meilleur de la caualerie, qui repassa le
Rhin, & furent les Chefs visitez par le Duc d’Enguien, & au lieu dudit
feu Mareschal de Guebriant, leurs Majestez éleurent le Vicomte de Turene,
auquel elles donnerent le Baston de Mareschal de France : en laquelle
qualité il fut General de ceste armee là, qui par apres fut plus
belle qu’auparauant.

L’annee derniere 1644. ne fut pas moins heureuse au Roy que la precedente :
car Monsieur le Duc d’Orleans voulut commander en personne
l’armee de sa Majesté, leuee pour entrer en Flandre, & assiegea la place de
Grauelingue, nonobstãt tous les efforts que firent les ennemis, pour empescher
le campement, en laschant les eaux, & perçant les digues : ce qui ne
fit point perdre courage aux Mareschaux de Camp, ny aux soldats, de
continuer leurs trauaux ; en quoy son Altesse Royale fit paroistre ses soins à
visiter tous les quartiers, donner les ordres necessaires, & animer les Capitaines
& soldats à se signaler en ceste occasion, comme ils firent : car ils
rompirent les secours que les ennemis y vouloient faire entrer, gaignerent
les Forts & les dehors, reduisirent les assiegez à rendre la place à son
Altesse : conqueste glorieuse, qui se fit à la veuë du Duc Picolomini, & de
Dom Francisco de Melos, qui n’oserent iamais attaquer nos lignes.

Ce fut en ce mesme temps que le Duc d’Enguien commandant vne autre
armee du Roy, se rendit en Champagne : & ayant aduis que le General
Mercy, Chef de l’armee Bauaroise, assiegeoit Fribourg, & que le Mareschal
de Turenne estant à Brisac, n’auoit forces suffisantes pour secourir
ceste place, s’aduança à grandes iournees pour le joindre : mais à cause de
la grande distance des lieux, le Duc d’Enguien ne peust arriuer à Brisac
auec son armee auant la reddition de Fribourg : neantmoins sa generosité
ordinaire ne luy fit point changer la resolution qu’il prit d’aller attaquer
les ennemis dans leurs retranchemẽs : & de fait, il y alla auec grand
desir de se voir aux mains auec eux, lesquels sans l’attendre, apres auoir
muny Fribourg, se retirerent sur des eminẽces auãtageuses où, ils croyoiẽt
n’estre point contraints à combatre en quoy ils furent trompez : car le Duc
d’Enguien les enuoya assaillir par diuers endroits, auec tant de courage
& de resolution, qu’apres vn grand & long combat, leurs postes furent emportez,



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