Anonyme [1649], L’OYE ROYALLE TIRÉE DEVANT LEVRS MAIESTEZ. PROSOPOPÉE: OV, L’OYE QVI PARLE. , françaisRéférence RIM : M0_2586. Cote locale : C_8_11.
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On fait cette grande Assemblée
Dont ma ceruelle est bien troublée
Les bâteaux sont tous pleins de Gens,
I’en voy d’autres bien diligens
A se placer dessus la Riue,
Tandis qu’vn nouueau monde arriue ;
La Seine est couuerte de Corps,
On remplit ses deux larges bords,
Et les deserts de ces deux Isles
Sont changez en de grosses Villes :
O Cieux, que de Gens ramassez !
Qu’ils sont drus, & qu’ils sont pressez !
O la grande Tapisserie
Dans cette nouuelle Prairie !
Que d’habits de toutes couleurs
>Qui tiennent lieu de belles Fleurs !
O que d’hommes ! ô que de femmes,
Que de Bourgeoises & de Dames
Qui me semblent tout en vn tas,
Que de serge & de taffetas !
O que d’enfans & de Pucelles,
O que de vieilles Maquerelles,
Que de Garces & de Cocus,
Que de Testes & que de Cus,
Qu’auiourd’huy de pets & de vesses
Vont s’exhaler de tant de fesses ;
Que de gens & que d’animaux,
Tout en vn mot que de Badaux,
Il n’en fut iamais (ce me semble)
En lieu du monde tant ensemble ;
Et iamais les Gladiateurs
Ne virent tant de Spectateurs
Dans le plus grand Amphiteatre
Où ces Infames s’alloient battre :

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