Anonyme [1652], L’ESPRIT DV FEV ROY LOVIS LE IVSTE A LA REYNE. Luy tesmoignant ses sensibles regrets sur le mauuais gouuernement de l’Estat. , françaisRéférence RIM : M0_1286. Cote locale : B_4_19.
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Et ne seroit-il pas à craindre pour vous, que tombant
entre les mains d’vne multitude affamée de
vostre sang, vous ne deuinssiez sa victime, ainsi
que vous auiez tasché qu’elle fust la vostre ? Paris
n’a-t’il iamais veu de pareils spectacles aussi bien
que Londres ? Sçauez-vous quelles sont les intentions
de quelques-vns des Chefs du party contraire,
qui vous estiment indigne de commander,
& qu’ils veulent à quelque prix que ce soit
leuer l’obstacle que vous mettez à leurs desseins.
Vostre Cour est vagabonde, & traisne par tout la
guerre & la faim, & ce qu’il y a de plus fragile
au monde, qui est la Paille, contribuë à vostre ruine,
& fait que des Villes entieres se declarent contre
vous ? Où sera vostre refuge, si la guerre continue ?
A Paris ? Il souffrira plustost le fer & le feu,
que le Mazarin ? Au tour de cette grande Ville ? Il
n’y reste plus que la terre nuë ? En Picardie ? Vne
puissante armée vient de ce costé-là, pour choquer
la vostre ? En Bourgogne ? On en chasse vos
Gouuerneurs ? En Guienne ? Cette Prouince est
tout à fait en la disposition des ennemis ? En Normandie ?
Elle vient de leuer le masque, & se souuient
du traitement que vous luy fistes apres la
guerre de Paris ? Enfin ie ne voy presque point de
retraite seure pour vous que le Val de Grace, puis
qu’il est croyable que l’Espagne mesme auroit de
la peine à vous receuoir, dans la disgrace où vous
serez si vous ne faites bien tost la paix. Sçachez
aussi que si vous refusez d’y penser & de la conclure :


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