pour laisser à la posterité vne histoire si tragique digne
de sa lecture, pour abhorrer vne nation si criminelle.
Grande princesse le cœur des Muses, s’il
estoit encor plus doux, trouueroit plustost des excuses
que des termes suffisans pour deplorer vos infortunes,
ie vous consacre cét écry & coniure vostre
bonté Royale, autant qu’vn vassat trés-petit le puis
à l’endroit d’vne grande princesse, fille de France,
comme vous de vous souuenir que nous sõmes tous
tributaires à la mort, & que celle de vôtre chere poux
n’est que deuancée & qui est d’autant plus glorieuse,
qu’il est mort dans vne constance & auec vne
resignation digne d’vn tel Monarque, sans qu’il ait
fait paroistre aucun chagrin que celuy de mourir
sans vous faire ses adieux & vous dire ses dernieres
paroles, qui furent neantmoins prononcées en ses
termes, Mon Dieu puis que vous voulez que ie
meure de la sorte, ie me resigne à vos volontez, ie
n’ay regret que de quitter vne si bonne & genereuse
Princesse, & des enfans desquels ie ne sçay l’euenement.
Au reste France, Espagne & autres Royaumes,
sçachez que ie meurs innocent, Grand Dieu
vous en estes tesmoin, ie vous recommande d’vn
cœur Royal & sincere cette princesse desolée & mes
infortunez enfans, Adieu France & Espagne mes
alliez, ayez souuenance de moy, & de quel façon
ie suis mort.